Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 65.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Cette éventualité d’un grand emprunt doit entrer dès maintenant dans les préoccupations du monde financier, surtout si, comme le donnent à penser les plus récens télégrammes de Chine, les premiers succès de la flotte commandée par l’amiral Courbet ne décident pas la cour de Pékin à renoncer à la lutte contre une grande puissance européenne.

Pendant toute la seconde quinzaine du mois, comme pendant la première, l’intérêt du marché a été presque exclusivement consacré aux mouvemens violens imprimés par la spéculation à la cote de nos fonds publics. Les transactions sont toujours aussi rares sur la plupart des valeurs, transactions au comptant aussi bien qu’à terme ; car l’épargne ne se porte encore sur aucune catégorie de titres en dehors des rentes et des obligations de chemins de fer. Encore a-t-on pu observer depuis quinze jours, dans les achats des petits capitalistes, un certain ralentissement. Les obligations du Crédit foncier et de nos grandes compagnies, comme celles des compagnies étrangères, qui jouissent du crédit le plus élevé (Autrichiens, Lombards, Saragosse, Nord de l’Espagne) n’ont point vu leurs prix s’élever. Il y a même eu çà et là des réalisations qui ont fait perdre deux ou trois francs ; il semble notamment que, pour la plupart des titres de nos grandes lignes, l’épargne ne soit pas disposée à accepter un prix plus élevé que 370 francs.

Les actions des chemins français ont très légèrement fléchi ; comme elles sont admirablement classées, elles échappent à l’influence d’une diminution prolongée des recettes, diminution que l’extension du choléra en Italie et dans le midi de la France et la persistance de la crise commerciale expliquent suffisamment. Les lignes étrangères ne sont du reste pas plus favorisées, et leurs titres ont été peut-être un peu plus atteints que ceux des nôtres, par exemple les actions des Chemins autrichiens et lombards.

Parmi les valeurs industrielles, quelques-unes ont bénéficié d’une certaine plus-value : le Suez, dont les recettes tendent à s’améliorer, les Voitures, le Gaz, les Allumettes ; sur le marché des titres des établissemens de crédit, le marasme est toujours aussi complet. Rien, de ce côté, n’annonce encore un réveil d’activité.


Le directeur-gérant : G. BULOZ.