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suffit. C’est le retour, c’est le reflux qui est malaisé et compliqué. Il faut rejeter hors de Paris les restes du festin. Le fleuve n’en veut plus, les égouts résistent ; les terres voisines, médiocrement séduites par la promesse d’un engrais fertilisant, n’acceptent que sous réserve et à titre d’expérience les présens douteux qui leur sont offerts par les ingénieurs de la ville ; l’océan, où tout cela pourrait le plus simplement se résoudre et se perdre, l’océan est bien loin. En présence de l’accroissement continu de la population, des consommations et du reste, cette question est assurément la plus importante de celles qui se recommandent à la sollicitude de l’administration municipale.

Les intérêts de l’hygiène se confondent avec le devoir de l’Assistance publique, dont les obligations, dans une grande ville telle que Paris, sont nécessairement fort étendues[1]. L’entassement dans des logemens insalubres, l’air vicié, la nourriture insuffisante, la misère, en un mot, accroît le chiffre normal de la mortalité, surtout parmi les enfans et les vieillards. L’assistance est donc un devoir d’humanité, une dette contractée au regard de la loi morale, une mesure commandée par l’intérêt même de la communauté pour laquelle la misère non secourue deviendrait un péril. La charité privée, s’inspirant du sentiment religieux, a eu l’initiative de la plupart des institutions et des œuvres qui assistent les pauvres et les faibles. Mais dans les cités populeuses, dans les capitales, la tâche est trop lourde pour que les sacrifices individuels et le dévoûment des corporations y suffisent. Il est nécessaire que les pouvoirs publics interviennent, avec les ressources d’un budget, avec une administration spéciale, avec la force et l’efficacité de la loi. Dès le XVIe siècle, l’assistance fut organisée légalement à Paris ; cette organisation subit des transformations successives ; elle est aujourd’hui réglée par une loi de 1849, qui a constitué une direction unique, centralisant tous les services, fonctionnant avec le concours d’un conseil de surveillance, et placée sous l’autorité du préfet de la Seine et du ministre de l’intérieur. La loi réserve, d’ailleurs, les attributions du conseil municipal, qui règle les comptes et vote le budget annuel.

  1. Les travaux du conseil d’hygiène publique et de salubrité du département de la Seine attestent la multiplicité, la variété et l’importance des questions d’hygiène que l’administration est appelée à résoudre. Ils sont résumés dans un rapport général qui est publié tous les cinq ans et dont la rédaction est confiée au secrétaire du conseil. Le plus récent de ces rapports généraux a été publié en 1881, pour la période 1872-1877, par M. F. Bezançon, chef de division à la préfecture de police. C’est une œuvre considérable, qui continue dignement la série des rapports publiés précédemment par les soins de M. Lasnier.