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les surfaces non bâties, c’est-à-dire doivent être aménagés et entretenus par la ville. Les voies publiques comprennent une superficie de 1,546 hectares et mesurent en longueur 935 kilomètres. Les squares et jardins compris dans l’enceinte de Paris couvrent 185 hectares, les cimetières 90. Dans le sous-sol, la longueur des égouts dépasse 700 kilomètres. Les améliorations réalisées depuis vingt ans pour ces différens services sont très appréciables ; il a été fait de grandes dépenses dans l’intérêt de la salubrité, pour l’embellissement de la ville et pour le bien-être de ses habitans. Il reste toutefois de sérieuses questions à résoudre, par exemple le déplacement des cimetières et le problème des égouts. La mortalité annuelle, à Paris, excède le chiffre de 57,000. L’espace est à la veille de manquer dans les anciens cimetières, alors que, grâce à l’accroissement des fortunes privées et sous l’impulsion d’un sentiment très louable, un plus grand nombre de familles tiennent à honorer, par une sépulture décente et durable, la mémoire de ceux qui ne sont plus. Les projets étudiés dès avant 1870 pour créer en dehors de Paris l’asile des morts ont été abandonnés. Il est tout à fait urgent d’y pourvoir. Quant aux égouts et à ce qu’ils doivent ou non recevoir et transporter loin de la ville, l’administration municipale ne cesse de s’en préoccuper, étudiant tous les systèmes et procédant à des expériences, sans qu’il lui soit encore possible d’adopter un mode qui donne satisfaction à tous les intérêts. La même difficulté se rencontre dans presque toutes les capitales. C’est à la fois un problème de chimie et une grosse question d’argent. Il faut souhaiter que le bon vouloir de l’administration municipale, secondé par les recherches de la science, réussisse à doter Paris, coûte que coûte, d’un système définitif qui, se combinant avec un approvisionnement plus abondant d’eau de source, fasse disparaître la principale cause d’insalubrité.

La consommation journalière d’un habitant de Paris en denrées solides, pain, viande, poisson, etc., représente, en moyenne, un poids de 800 grammes ; ce qui donne, pour les 2,240,000 habitans, un poids total de 1,792,000 kilogrammes. À ce dernier chiffre s’ajoute, pour les boissons et pour l’eau consommée tant par les particuliers que par la ville, une quantité approximative de 300 millions, de litres par jour. On peut se rendre compte du travail, de la prévoyance, de la vigilance qu’exige l’approvisionnement régulier et contrôlé des marchés. Les consommations de Paris ont fourni aux statisticiens l’un des plus curieux sujets d’étude. Apporter toutes ces denrées, les vendre en gros dans les pavillons des halles ou aux abattoirs, les débiter au détail dans les différens quartiers, cette opération quotidienne se fait aujourd’hui presque facilement : la liberté y