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dont les vingt-neuf gares sont de plus en plus fréquentées. Le chiffre total des voyageurs peut être de 300 millions par an, soit environ 850,000 par jour. En même temps, le nombre des voitures de maître n’a point cessé de s’accroître avec les progrès de la richesse et du luxe ; il atteint aujourd’hui près de 13,000. Quant aux voitures employées aux transports du commerce et de l’industrie, elles présentent une augmentation encore plus sensible, non-seulement par suite du développement des travaux et des affaires, mais aussi parce que la voiture est devenue, pour beaucoup de commerçans, une affiche ambulante et un mode de publicité. — Bref, ces divers élémens constituent une circulation très active qui produit, sur plusieurs points de Paris, un encombrement égal à celui que l’on observe à Londres dans la Cité. Combien sont justifiées, après tant d’amères critiques, les grandes entreprises d’édilité qui ont été exécutées sous l’administration du baron Haussmann ! La dépense, qui eût été beaucoup plus considérable si l’on avait ajourné les travaux, est largement couverte par les bénéfices immédiats qu’elle a procurés à la génération présente et par ceux qu’elle assure aux générations à venir. Se figure-t-on comment l’ancien Paris, dans sa vieille enceinte, avec ses rues étroites et tortueuses, aurait pu recevoir et faire circuler tout ce que lui apportent chaque jour les gares de chemins de fer ? Déjà même, les grandes voies tracées dans les quartiers intérieurs ne suffisent plus, et l’encombrement commence à se manifester sur les boulevards préparés dans les quartiers extrêmes. Il se peut qu’à l’origine ces plans, qui paraissaient démesurés, aient été inspirés en partie par un sentiment de gloire dynastique, par le désir de faire grand, comme on disait alors ; mais, au demeurant, les résultats ont dépassé tous les calculs. La transformation de Paris n’a pas été seulement une grande œuvre, digne de figurer dans l’histoire d’un règne et dans les annales de l’administration parisienne, elle a été une œuvre utile, nécessaire, vitale pour la cité. Le meilleur moyen de lui rendre hommage, c’est de la poursuivre en continuant les travaux qui facilitent la circulation. Il reste encore bien des voies à ouvrir ou à élargir. Chacune de ces opérations fait éclore en quelque sorte un germe nouveau d’activité dans le mouvement de la population et dans le développement des affaires. Il n’y a pas, à cet égard, d’exemple plus saisissant que celui des tramways. A peine un tramway est-il créé que la foule s’y porte ; il semble que, dans une ville. telle que Paris, les besoins de locomotion facile et rapide ne pourront jamais être satisfaits.

Aussi l’administration municipale a-t-elle dû s’occuper sérieusement de divers projets qui lui ont été présentés pour la création d’un chemin de fer métropolitain. Londres, Berlin et New-York ont