Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 64.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On désigne sous le nom de réseau calabrais une ligne de Tarente à Reggio, avec embranchement sur Cosenza, qui contourne le golfe de Tarente et suit la côte de la Xalabre jusqu’en face de Messine, et une ligne qui se détache de la précédente à Métaponte pour aller rejoindre à Eboli la ligne de Naples à Nocera et Salerne. Quant à la ligne, décrétée en 1860, qui devait longer la côte tyrrhénienne, de Salerne à Reggio, elle est demeurée jusqu’ici à l’état de projet. Le réseau calabrais ne comprend, on le voit, que des prolongemens ou des embranchemens du réseau de la Compagnie de l’Italie méridionale ; et il semble qu’il aurait dû être construit par les mêmes mains ; mais la Société de l’Italie méridionale rencontra la concurrence de la Compagnie dite de Victor-Emmanuel, qui lui fut préférée par la loi du 25 août 1863. Impuissante à remplir ses engagemens, la Compagnie Victor-Emmanuel se vit substituer, le 31 août 1868, la Société de construction de MM. Vitali et Cie qui ne réussirent point davantage à mener leur tâche jusqu’au bout. L’exploitation des tronçons achevés donnait des résultats désastreux et l’argent manquait pour continuer les travaux. L’état fut obligé d’intervenir, et, par la loi du 28 août 1870, le gouvernement se fit autoriser à poursuivre pour son compte et directement la construction des lignes calabraises et des lignes siciliennes. Quant à l’exploitation des unes et des autres, elle a été, par une loi du 30 décembre 1870, confiée pour quinze années à la Société de l’Italie méridionale, qui la gère pour le compte de l’état et s’indemnise de ses frais généraux par un prélèvement sur la recette brute. Les nombreuses vicissitudes que la construction des lignes de Calabre et de Sicile a subies paraissent avoir laissé de pénibles souvenirs chez la haute administration italienne, qui évite de s’expliquer sur ce sujet : on a plus d’une fois donné à entendre que les exigences financières de Garibaldi et de sa famille, auxquelles il était impossible de satisfaire directement, n’ont pas toujours été étrangères aux fréquens remaniemens des contrats de construction.

L’exploitation des lignes de Calabre et de Sicile est fort onéreuse pour les finances italiennes. De 1872 à 1879, les premières ont produit une recette kilométrique moyenne de 3,100 francs contre une dépense de 7,840 francs. Sur les lignes siciliennes, les résultats sont moins défavorables : la recette moyenne a été de 10,700 francs contre une dépense de 13,150 francs. À cette perte sur l’exploitation il faut ajouter l’intérêt du capital dépensé pour la construction, lequel s’est élevé en moyenne à 185,000 francs par kilomètre. L’achèvement de la ligne de Messine à Palerme, quia été inaugurée solennellement par le roi Humbert, améliorera sans doute les recettes des lignes siciliennes ; mais l’exploitation continuera longtemps