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par une loi du 8 juillet 1860, intervint entre le gouvernement piémontais et la Société privilégiée. Toutes les concessions faites à cette société sur le territoire lombard et dans l’Italie centrale en 1855, 1857 et 1858 lui furent confirmées. Sans diviser des intérêts trop étroitement liés, surtout à raison des engagemens pris vis-à-vis des tiers, pour que leur séparation ne fût pas hérissée de mille difficultés, la Société privilégiée consentit à se partager en deux branches distinctes, pourvues chacune d’un conseil d’administration particulier. L’un de ces conseils, siégeant à Vienne, administrait, sous le contrôle des autorités impériales, les chemins de fer situés sur le territoire autrichien ; l’autre, spécial aux chemins situés dans les provinces cédées au Piémont, siégeait en Lombardie et relevait des autorités piémontaises. Un comité central, établi à Paris, où devaient se tenir également les assemblées générales, servait de lien entre les deux branches de la société et représentait l’unité de celle-ci.

Aussitôt que ces arrangemens, concertés avec le gouvernement autrichien et sanctionnés par un décret impérial, eurent reçu leur exécution, le gouvernement sarde prit à sa charge la garantie d’un produit net annuel de 6,500,000 francs attachée aux lignes de l’Italie centrale, et garantit à la branche italienne de la Société privilégiée un intérêt de 5.20 pour 100 sur la totalité des sommes a dépenser pour la construction et la mise en exploitation des lignes lombardes et pour les acquisitions du matériel roulant pendant les trois premières années d’exploitation. Il lui concéda en outre pour quatre-vingt-quinze années, à courir du 1er janvier 1865 pour expirer le 31 décembre 1959, le réseau piémontais, dont l’exploitation pour le compte de l’état cessa avec l’année 1863. La société rachetait à l’état, moyennant 200 millions, payables en quatre années, par termes semestriels égaux, les lignes construites par lui, et elle s’engageait à concourir par des subventions à l’amélioration du port de Gènes et au percement du Mont-Cenis. L’état, en retour, garantissait à la société un produit brut calculé d’après les recettes réalisées en 1862. Enfin, la branche italienne de la Société privilégiée prenait désormais le titre de Société des chemins de fer de la Haute-Italie.

Cette organisation avait à peine commencé de fonctionner que la guerre éclatait de nouveau entre l’Italie et l’Autriche et mettait en quelque sorte en antagonisme les deux branches de l’ancienne Société privilégiée. Toutefois, le personnel de la société se tira à son honneur de cette épreuve délicate, et le gouvernement italien a rendu hommage au fonctionnement irréprochable de tous les services pendant la durée de la guerre. Le traité de paix du 3 octobre 1866,