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LA
SITUATION DE LA VITICULTURE
EN 1884

On peut aisément caractériser notre situation financière en disant que, depuis déjà trop longtemps, à mesure que les dépenses augmentent, les ressources diminuent, et sans que rien fasse malheureusement entrevoir le terme de cette série d’années difficiles. Il suffit, en effet, de jeter un coup d’œil sur les documens publiés par les soins de MM. les ministres des finances et du commerce pour concevoir de bien légitimes appréhensions. Nous voyons d’un côté les importations étrangères atteindre pour bien des articles des chiffres plus élevés que nos exportations, et les droits perçus par l’état sur les mutations foncières rester en dessous des évaluations fondées sur une marche normale des affaires. La France s’appauvrit donc : telle est, en quatre mots, la situation générale, et si nous descendons dans les détails, les documens comparatifs émanés du ministère du commerce nous permettent de constater un écart considérable entre les importations et les exportations des matières alimentaires.

Parmi ces matières alimentaires que nous exportions jadis, et que nous sommes aujourd’hui réduits à importer, nous voyons le vin tenir le premier rang. Ne s’agit-il ici que d’une série de mauvaises récoltes ? Malheureusement non, et s’il nous restait des illusions à ce sujet, les statistiques du ministère de l’agriculture seraient là pour nous les enlever. Nous y trouvons, en effet, que sur une superficie totale de 2,415,896 hectares, plantés en vignes avant l’invasion du phylloxéra, 763,799 hectares de vignobles ont disparu