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— on en peut faire en passant la remarque, — est essentiellement française. Après Claude Bernard et M. Brown-Sequard, c’est M. Vulpian qui a contribué par ses recherches à l’étendre et à la préciser : d’autres physiologistes, plus récemment, y ont appliqué leurs efforts.

De tous ces travaux réunis résulte une œuvre claire, simple, et d’un profond intérêt pour l’intelligence des phénomènes de la santé et de la maladie. Il y eut même un moment où la doctrine vaso-motrice jouit dans le monde médical d’une popularité comparable à celle qui accueille aujourd’hui la théorie microbienne. On expliquait, à peu près tous les troubles de l’organisme par les modifications fonctionnelles des nerfs vaso-moteurs. La fièvre, les inflammations, les hémorragies, les dyspepsies, les grandes névroses, le tétanos, le diabète, l’albuminurie, l’action des poisons et celle des médicament, tous ces états pathologiques et tous ces phénomènes thérapeutiques étaient attribués uniquement à une perturbation de l’appareil vaso-moteur. En écartant les exagérations qui sont inséparables de la première application pratique de toute grande découverte, il reste encore au système vaso-moteur une part considérable dans le fonctionnement de l’organisme sain ou maladie. La doctrine vaso-motrice établit une relation entre les deux grandes fonctions de la circulation proprement dite et de l’innervation ; elle rattache le système des vaisseaux au système des nerfs, et il est naturel qu’en éclairant la théorie du mouvement du sang, elle ait apporté aussi d’utiles éclaircissemens à la physiologie nerveuse. Il en faut développer un exemple.

Il est très remarquable que les premières études sur les vaso-moteurs aient eu pour effet d’ébranler et même de ruiner la célèbre conception de Xavier Bichat sur les deux vies et les deux systèmes nerveux et que les derniers travaux aient eu pour résultat, au contraire, de restaurer cette grande idée et de l’assurer désormais en lui apportant la consécration de l’expérience. C’est dans ses Recherches sur la vie et la mort que Bichat a exposé avec ampleur ce système indiqué déjà dans son Traité des membranes. — Bornant uniquement ses considérations à l’animal supérieur, à l’homme, il l’observe successivement actif et endormi. Pendant le sommeil, les organes continuent silencieusement leur besogne habituelle ; le cœur et les vaisseaux, l’estomac et l’intestin, le poumon et les glandes poursuivent leur office ; toutes les parties travaillent sourdement ; le corps se nourrit, s’entretient, se développe, grandit, cicatrise ses plaies ; l’animal conçoit et est fécondé ; tout cela sans qu’il en soit averti par aucune perception ou qu’il y intervienne par aucune volonté. C’est là, ce que Bichat appelle la vie organique ou végétative, ensemble des fonctions de nutrition ; c’est la façon d’être du fœtus