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du tunnel. La cérémonie se fit avec solennité à Saint-Antoine, en présence du ministre du commerce d’Autriche et du gouverneur du Tyrol. Ils entrèrent dans le tunnel, et le ministre mit le feu à la dernière cartouche au moyen d’un fil électrique. On arriva ainsi de l’autre côté du tunnel, à Langen, où fut frappée une médaille commémorative représentant le Tyrol et le Vorarlberg se donnant la main.

Le coût du chemin de fer de l’Arlberg, sur l’une et l’autre des voies d’accès, est estimé à 87 millions de francs, dont 40 millions pour le tunnel, ce qui met le coût du mètre courant du tunnel à 4,000 francs. Un crédit additionnel de 14,250,000 francs a été demandé, le 6 décembre 1883, à la chambre des représentans par le ministre des finances d’Autriche au nom du ministre du commerce. Ce surplus de dépenses est nécessité par le coût imprévu’ du soutènement du tunnel, qu’il a fallu revêtir d’une armature en briques pour résister à la poussée du terrain. Il en résulte que le prix de revient total du chemin de fer de l’Arlberg sera de plus de 100 millions de francs. Cette voie doit être entièrement achevée depuis le 1er juin, de sorte que la prochaine récolte de l’Autriche-Hongrie pourra être transportée en Suisse, et même en France, par l’Arlberg dans le courant du mois d’octobre prochain. Déjà, pendant le mois de janvier dernier, les délégués des compagnies suisses, autrichiennes et françaises ont tenu des conférences à Vienne pour l’examen des tarifs internationaux de la voie de l’Arlberg. Une réunion s’est tenue aussi à Munich, en février, entre les représentans des chemins de fer de l’Allemagne du Sud, des chemins de fer autrichiens et ceux de Suisse et de France pour discuter les tarife communs de transit. En 1889, le chemin de fer de l’Arlberg pourra être racheté par l’état. Cependant des pourparlers ont déjà été entamés, dès le 5 décembre 1883, entre le ministre du commerce d’Autriche et le conseil d’administration de l’Arlberg. On traiterait sur le pied de 200 florins au pair ou 500 francs par action.


V. — LES PERCEMENS PROJETÉS. — LE SIMPLON, LE MONT-BLANC, LE GRAND ET LE PETIT SAINT-BERNARD.

Voici les Alpes percées de trois côtés : à l’ouest, par le tunnel du Mont-Cenis ; au nord ou au centre, par celui du Saint-Gothard ; à l’est, par celui de l’Arlberg ; sans parler des tunnels du Semmering et du Brenner, aussi à l’est, et qui ont été comme les précurseurs de ceux-là. Toutefois, cela n’a pas suffi à satisfaire tous les pays intéressés à ces grands percemens, et, de même qu’à propos