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satisfaisans ; elles sont à conserver. La limite d’âge est aussi la manière la moins blessante de fixer aux hommes le moment de la retraite ; elle a été parfois trop reculée, on a maintenant une tendance à l’avancer trop. On doit utiliser le plus possible les connaissances des hommes et l’on pourrait, par exemple, affecter aux officiers en retraite un certain nombre d’emplois dans les écoles ou dans les bureaux, qui écartent des régimens bien des officiers dont l’absence se fait sentir. Il y aurait là aussi un allégement pour le budget, car on devrait tenir compte de la solde de retraite dans la fixation du traitement attribué à ces emplois.

Les sous- officiers et les caporaux sont les instructeurs de la troupe, ce qui exige qu’ils aient une parfaite connaissance du métier militaire et exercent leur autorité sur les recrues avec autant de patience que de fermeté. Plus rapprochés du soldat que les officiers, ils ont toujours eu sur lui une très grande influence. La composition de ce cadre inférieur mérite donc une très grande attention. On y attache beaucoup d’importance en Allemagne, où tous les sous-officiers et la plus grande partie des caporaux sont rengagés. Ils présentent des garanties d’instruction, la maturité d’un âge plus avancé, et, n’ayant pas été soldats en même temps que la plupart de leurs subordonnés, ils ne sont pas gênés par les liens d’une camaraderie trop intime. En France, toutes les tentatives faites pour retenir les sous-officiers au service n’ont eu que des résultats fort médiocres, et les mesures prises en 1872 pour repousser de l’armée les anciens soldats n’ont que trop réussi. Le petit nombre des sous-officiers instruits et capables est une cause de faiblesse pour notre armée, et elle acquerrait une gravité inquiétante si la durée du service était réduite à trois ans. En ce moment, la moitié à peu près des sous-officiers sont remplacés chaque année au départ de la classe. Les sergens-majors ne font que passer dans un emploi où ils n’ont pas le temps d’apprendre les règles de la comptabilité. Il en résulte une charge pénible et rebutante pour les capitaines, qui ne sont pas soulagés, comme ils devraient l’être, de la surveillance des détails. Avec le service de trois ans, on ne trouvera plus de sergens-majors. C’est en vain que l’on compterait former des sous-officiers avec les jeunes gens qui maintenant font leur volontariat ou avec les élèves d’écoles destinées à en procurer. En supposant qu’ils convinssent et ne pussent pas profiter de dispenses sous une autre forme, ils seraient en nombre très insuffisant. Et puis on n’enseigne pas dans une école à diriger des hommes, à prendre sur eux de l’ascendant. L’âge seul, par la maturité qu’il amène, et l’habitude du service, peuvent donner à un homme les qualités nécessaires pour commander à ses semblables. Que la durée du service soit reportée à cinq