Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 64.djvu/462

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’histoire de Mme Du Bois, pour corser l’ouvrage, il joint l’anecdote d’un procès où figuraient, d’une part, un parent de Mlle Volland, qui avait perdu sa femme, un habitant de Gisors, à qui elle avait légué une chaise à porteurs, et Mme Geoffrin qui avait aidé à la délivrance du legs ; d’autre part, les héritiers naturels de la morte. Ce ragoût d’une affaire d’héritage avec une supposition d’enfant, sans que l’une soit liée à l’autre, c’est la matière principale de la Pièce et le Prologue, ou Celui qui les sert tous et n’en contente aucun.

Est-il bon ? est-il méchant ? n’est que la Pièce et le Prologue mise en quatre actes au lieu d’un seul. C’est le même sujet remanié, réconforté d’une troisième action, assez analogue à la première : de même que, pour obtenir la pension de la veuve, il se prétend le père de son fils, de même, pour décider une mère récalcitrante à marier sa fille avec l’homme qu’elle aime, le héros de la comédie prête aux amoureux un enfant. Aucun lien, d’ailleurs, entre la troisième action et les deux autres, pas plus qu’entre celles-ci ; aucun absolument, sinon l’obligeance du personnage qui mène toutes les trois. A bien compter, il en mène encore une quatrième, qui ne se rattache guère davantage au reste, mais celle-ci tient peu de place : pour être agréable à cette mère qu’il inquiète si fort sur sa fille, il fait donner à un abbé galant le bénéfice destiné à un tartufe morose, et comment ? En attribuant à l’un les qualités de l’autre, et vice versa, aux yeux d’un vieux dévot. Je ne fais pas mention d’une action générale, qui serait la cinquième, et qui enveloppe toutes les autres : est-ce une action dans les Fâcheux, que la promenade d’Éraste à la poursuite d’Orphise ? Une fable de ce genre n’est qu’un prétexte à faire défiler les incidens isolés des ouvrages de cette sorte : c’est le cadre où glissent les tiroirs. Dans Est-il bon ? est-il méchant ? comme dans la Pièce et le Prologue, l’auteur feint qu’une dame demande au héros d’écrire un divertissement pour la fête d’une de ses amies. Après quelques difficultés, notre homme s’y engage ; il est empêché de tenir sa promesse par une série d’embarras, on sait lesquels : une pension à obtenir, un procès à arranger, etc. ; .. voilà le train de l’ouvrage ; à la fin, le divertissement se trouve fait sans que le public y ait pris garde. Entre temps, le héros a prié un poète de le suppléer ; il lui a présenté cette suppléance comme une faveur qu’il lui faisait ; au dénoûment, le poète apporte sa pièce, on la refuse ; faut-il marquer cet accessoire pour une sixième action ? Au moins devons-nous constater que la liste des épisodes s’allonge, l’aventure du poète est déjà dans la Pièce et le Prologue, mais point celle des abbés, non plus que celle de la mère, de la fille, et de l’amoureux. De même s’allonge le titre ; une fois seulement, citons-le en entier : Est-il bon ? est-il méchant ? ou l’Officieux persifleur, ou Celui qui les sert tous et qui n’en contente aucun.

Aujourd’hui que les noms des collaborateurs prennent toute