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l’Italie se trouverait ramenée au régime du cours forcé. D’accord avec le président du conseil, le ministre des finances voyait dans l’aliénation du matériel des chemins de fer l’unique moyen de se procurer les millions dont le gouvernement avait le plus urgent besoin, et il demandait qu’on soulageât le budget général du fardeau que l’exploitation faisait peser sur lui. Le ministère était unanime à reconnaître que le règlement de la question des chemins de fer ne pouvait être différé davantage.

Bien que la majorité de la chambre se fût montrée favorable au projet présenté par M. Baccarini, les observations qui avaient été formulées dans la discussion des bureaux firent reconnaître à M. Genala la nécessité de remanier l’œuvre de son prédécesseur afin d’y rallier le plus possible de suffrages. Il eut, à cet effet, pendant l’hiver de 1883, de fréquentes conférences avec la commission élue dans les bureaux ; et, au mois de janvier dernier, il soumit à cette commission un projet modifié qu’elle approuva à l’unanimité. Fort de ce vote approbatif, M. Genala se remit à l’œuvre pour achever sa tâche. Le ministre et la commission avaient pris l’engagement d’honneur de ne point révéler les résolutions arrêtées : le secret fut fidèlement gardé, au moins vis-à-vis de la presse, car les journaux ne trouvèrent à enregistrer que quelques entrevues du ministre avec M. Bastogi et M. Balduino et des entretiens beaucoup plus fréquens avec les directeurs des trois services d’exploitation, M. Borgnini pour les chemins méridionaux, M. Bertina pour l’ancien réseau des chemins romains, et M. Massa pour l’ancien réseau de la Haute-Italie. Ce mystère, qui intrigua fort le public, cessa à la reprise des travaux parlementaires après les vacances de Pâques. M. Baccarini, comme on l’a vu, s’était borné à présenter une loi de principe, se réservant de chercher ensuite des concessionnaires, et de revenir devant le parlement avec des conventions dont l’examen aurait permis de tout remettre en question. D’accord avec la commission parlementaire, M. Genala estima qu’il fallait essayer de tout terminer en une seule fois et il résolut de présenter simultanément, d’une part deux conventions identiques, comprenant un cahier des charges, un code de règlemens et un ensemble de tarifs et, d’autre part un projet de loi approuvant ces deux conventions et réglant l’emploi des sommes mises à la disposition de l’état. Après avoir arrêté de concert avec la commission l’économie générale des conventions à conclure et les modifications à introduire dans les règlemens et les tarifs, il se mit en rapport avec les futurs concessionnaires pour rédiger les conventions définitives. Si le secret avait été jugé nécessaire, c’était pour que les influences parlementaires, les prétentions locales et les exigences des intérêts particuliers ne vinssent pas se