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marquée pour la réunion dans les mêmes mains de la propriété et de l’exploitation des voies ferrées en n’attribuant au gouvernement que la surveillance et le contrôle de l’exploitation ; mais elle ne dissimule pas que cette conclusion est toute platonique. Comment appliquer ce système en Italie, où le gouvernement a déjà racheté les réseaux de la Haute-Italie et des chemins romains, et conclu une convention pour le rachat des chemins méridionaux ? Il semble inévitable de s’incliner devant les faits accomplis, et la commission a donc recherché, conformément au mandat qu’elle avait reçu, à déterminer les conditions d’un contrat d’exploitation. Elle en avait deux modèles sous les yeux dans les projets de convention que nous avons analysés : la convention Minghetti-Spaventa, qui était un contrat de régie intéressée pour le compte de l’état, et la convention Depretis, qui était un affermage. La commission écarta immédiatement la combinaison de la régie intéressée. Tout en rendant justice au soin minutieux avec lequel avaient été établis les calculs qui servaient de base au projet de MM. Minghetti et Spaventa, la commission faisait observer qu’il était extrêmement difficile, sinon impossible, de déterminer des unités de prix assez rapprochées de la vérité pour servir à asseoir un contrat.

En ramenant au kilomètre les frais de toute nature auxquels l’exploitation donne lieu, on arrive à des unités de prix extrêmement faibles : si insignifiante que puisse paraître une erreur d’une fraction de centime, comme elle serait multipliée par un nombre immense d’unités et se répéterait plusieurs millions de fois, elle se traduirait, en dernier résultat, par une somme considérable et par un grave préjudice pour l’état ou pour l’exploitant. cette décomposition de toutes les dépenses afin de les ramener à l’unité kilométrique est une étude très intéressante pour les hommes du métier, mais elle a trop le caractère d’un jeu d’arithmétique pour être susceptible de recevoir une application commerciale. Un autre défaut, reproché par la commission au projet Minghetti-Spaventa, était de ne pas offrir de garanties suffisantes du bon entretien des voies ferrées ni de la sollicitude à apporter au développement du trafic. L’exploitant serait nécessairement indifférent au bon ou mauvais état de lignes dont il ne serait pas propriétaire. La perspective d’une économie problématique à obtenir sur les frais de traction par une amélioration ou un renouvellement de la voie ne le déterminerait pas à s’imposer la dépense certaine qu’entraînerait un achat de rails. De même pour le trafic ; l’appréhension d’un manque à gagner résultant de l’insuffisance du matériel roulant ne déciderait pas davantage l’exploitant à des acquisitions coûteuses, qu’il serait d’autant plus tenté d’ajourner que le terme de son contrat