Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 63.djvu/940

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est un village enclavé entre deux pays sakalaves, et les Hovas, s’y trouvant peu en sûreté, l’ont abandonné l’année dernière au début de nos hostilités. Du côté de la côte nord-ouest, l’occupation de la baie de Passandava, où se trouve de la houille, est forcée. Cette baie, placée en face de Mossi-Bé, possession française, devra être dotée d’établissemens importans afin de bien montrer aux Hovas, ainsi qu’aux autres tribus de l’île, que nous nous établissons à Madagascar d’une façon permanente. Passandava complétera Nosbi-Be comme Nossi-Bé complétera notre nouvelle possession. Celle-ci a, de plus, l’avantage d’être placée au centre d’une population amie, sur l’affection et le dévoûment de laquelle il est permis de compter. Sans doute, des postes devront être encore établis sur divers points de la côte est, mais ces postes, protégés par l’apparition incessante de nos bâtimens, pourront se composer d’une poignée d’hommes et de quelques pièces légères d’artillerie. Il n’en faudra pas davantage pour les garantir contre les éventualités d’une agression que nous croyons très peu probable.

Si nous sommes bien informés, et nous ne croyons pas nous tromper, l’effectif d’occupation à Madagascar sera dans un délai très bref de huit cents hommes, et ce chiffre nous paraît plus que suffisant. Il se composera de troupes d’infanterie et d’artillerie de marine. En outre, l’île de la Réunion enverra six cents hommes qui seront entretenus à nos frais. C’est un appoint précieux. La dépense, pour tout le corps expéditionnaire, pendant un an, est évaluée à 5 millions. Cette somme est forte, il est vrai, mais elle n’est que momentanée, et elle paraîtra bien inférieure, dans un avenir très prochain, aux avantages qui résulteront pour nous de notre installation dans les parties les plus riches de la plus belle et de la plus grande île de l’Océan indien. Avant peu de jours, qu’on en soit convaincu, nous apprendrons que les Hovas, après avoir rompu avec de perfides conseillers, implorent la paix, et une paix durable. Qu’on agisse et c’est chose faite.

Quant à nous, heureux de voir le pavillon de la France flotter de nouveau, glorieux et respecté, dans les parages lointains où jadis il se montra avec éclat, ne manquons pas de nous dire que notre pays n’a qu’à vouloir, et vouloir bien, pour continuer à remplir dans le monde le rôle providentiel que lui imposent son génie, son étendue et ses forces. Notre présence en Tunisie, notre protectorat au Tonkin, et, bientôt l’occupation de la plus riche partie de Madagascar, le prouvent d’une manière irréfutable.


EDMONT PLAUCHUT.