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que, par tous les moyens qui sont en notre pouvoir, il faut que le protectorat de la France, mais un protectorat sérieux, s’étende de la baie de Bal y, au nord-ouest, à la baie de Diego Suarez, au nord, et de Diego Suarez à la baie d’Antougil, sur la côte occidentale.


IV.

Pour briser la résistance des Hovas, divers projets ont été mis en avant, et, comme ils sont en ce moment encore en discussion, nous les soumettrons à nos lecteurs. L’un consiste à faire venir de France à Madagascar des troupes au nombre de dix mille hommes, dans lesquelles seraient encadrés des indigènes de bonne volonté; et à les faire avancer, coûte que coûte, jusqu’à Tananarive, le siège de la puissance des Hovas, pour y dicter nos conditions. Un autre veut contraindre l’ennemi à traiter et lui faire reconnaître nos droits en continuant à croiser autour de Madagascar, couvrant d’obus les points où les Hovas ont des douanes, leur seule ressource; en un mot, mettre ces derniers dans l’alternative de céder ou d’être affamés.

Un troisième projet consisterait à exercer un protectorat sur la côte nord-ouest de Madagascar, sans demander aux Hovas de consacrer nos droits, qu’ils n’ont pas à consacrer; on choisirait sur cette côte ouest et dans le nord de l’île les points les plus salubres, les plus utiles à occuper au point de vue du commerce et de l’industrie, et, à l’aide de postes insignifians et d’une dépense très faible, on arriverait à posséder ces points et à les garder. En utilisant les différences qui existent entre la population du centre de l’île et celle des côtes, différence au point de vue de la race et au point de vue des mœurs, l’auteur de ce système, M. de Lanessan, espère que nous trouverions des soldats indigènes qui prendraient la défense de nos postes avec un intérêt réel et qui serviraient de base de défense. M. Dureau de Vaulcomte, député de la Réunion, lequel, à ce titre, pousse vigoureusement à une action énergique contre les Hovas, veut, lui, et avec raison, que le drapeau français qui flotte encore une fois sur Madagascar y flotte indéfiniment, parce que c’est notre droit, et que ce droit n’est pas une chose qui puisse être cédé aux Hovas contre le million d’indemnité qu’ils nous offrent. Mais pour établir ce droit d’une manière définitive, l’honorable député de la Réunion voudrait aussi que l’on allât tambour battant et enseignes déployées jusqu’à Tananarive; et afin d’alléger les charges et les sacrifices de la métropole, le gouvernement français devrait, tout en renforçant de quelques compagnies le corps