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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mai.

Voici maintenant les chambres françaises rentrées au Luxembourg et au Palais-Bourbon après plus d’un mois de repos et de temps perdu. Elles sont revenues depuis quelques jours sans grand fracas, et, avec la rentrée des chambres, nous voici ramenés à tout ce qui préoccupe ou fatigue quelquefois l’opinion, aux discussions interrompues, aux vieilles affaires et aux affaires nouvelles, aux questions les plus pressantes d’intérêt public et aux questions inutiles, qui ne manquent jamais.

A peine remis à l’œuvre pour huit ou dix semaines, pour la session d’été, notre parlement a devant lui ce traité de Tien-Tsin, dont le gouvernement se prévaut comme d’un succès, les crédits extraordinaires pour le Tonkin, les affaires d’Egypte, qui entrent peut-être dans une phase nouvelle, le budget, la loi du divorce, que le sénat discute, la loi de recrutement, que la chambre des députés a reprise, la révision constitutionnelle, dont M. le président du conseil ne nous fait pas grâce; il a tout cela, sans compter l’imprévu, les interpellations, les surprises et une question qui domine toutes les autres, qui reviendra peut-être plus d’une fois d’ici à deux mois, celle de la direction générale de la politique représentée par le gouvernement. Quelle est, en effet, la pensée supérieure et, pour ainsi dire, régulatrice que le ministère porte dans toutes ces affaires d’un intérêt assez inégal que le parlement retrouve devant lui, où il y a nécessairement des opinions à exprimer et des fautes à éviter? C’est là malheureusement ce qui est aussi obscur, aussi énigmatique aujourd’hui, après la rentrée des chambres, qu’il y a un mois, à la veille des vacances, et on dirait que M. le président du conseil, par les perpétuelles contradictions de ses discours et de ses actions, se complaît à épaissir l’obscurité, à