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qui ne trouve rien dans son fond que ce que les modèles y ont successivement déposé.

Mais le maître que M. Richepin a surtout imité, celui dont la trace est empreinte, pour ainsi dire, à chaque page des Blasphèmes, c’est Victor Hugo, le Victor Hugo des Contemplations, le Victor Hugo de la Légende des siècles, le Victor Hugo des Chansons des rues et des bois et le Victor Hugo même des Orientales: dans le Bohémien, par exemple, ou encore dans le Turc.


Hop! mon cheval, hop! galope!
………………….
Quand aux carrefours des villes,
Nous broyons les foules viles,
Des chiens de chrétiens tremblans,
Tes pieds plus vifs que des ailes
Arrachent des étincelles
De feu rouge aux pavés blancs.


Je ne voudrais pas inutilement multiplier les citations. Il en est une pourtant dont je ne saurais me dispenser, car elle contient l’idée maîtresse du livre de M. Richepin, et cette idée, sur laquelle il est revenu plusieurs fois, dans son Prologue et dans la Prière de l’athée notamment, cette idée, mais surtout le mouvement et les termes eux-mêmes qui la traduisent, lui viennent évidemment d’un endroit célèbre des Contemplations.


Donc, les lois de notre problème.
Je les aurai.
J’irai vers elles, penseur blême.
Mage effaré.

J’irai lire la grande Bible;
J’entrerai nu
Jusqu’au tabernacle terrible
De l’inconnu ;

Jusqu’au seuil de l’ombre et du vide,
Gouffres ouverts,
Que garde la meute livide
Des noirs éclairs;

Jusqu’aux portes visionnaires
Du ciel sacré,
Et si vous aboyez, tonnerres,
Je rugirai.


Il est aussi question dans cette pièce, — Ibo, — si l’on se la rappelle, de traîner les comètes par les cheveux. Voici comment M. Richepin a transposé le motif du maître.