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aux fleurs composées de pétales multiples, comme les séneçons, la millefeuille et les marguerites. Plus haut, c’est la zone alpine où se plaisent les violettes, les euphrasies, les épilobes.

À l’est des montagnes, on se trouve en un pays presque aride ; les mousses, les lichens, les champignons ont disparu : l’herbe s’étend d’une manière uniforme sur les plaines plus ou moins parsemées d’ombellifères[1]. Des arbustes épineux appartenant au même groupe végétal que nos nerpruns[2], en diverses localités forment des massifs, et le phormium, d’épaisses broussailles. Dans le centre et les parties orientales de l’île, les forêts ont été brûlées ; sur le sol où s’élevaient autrefois de grands arbres, se sont répandues, outre les véroniques, des campanules, une multitude de composées, différentes gentianes, de superbes renoncules. Les vestiges des anciennes forêts sont rares ; pourtant, aux alentours de la ville de Dunedin, il existe encore quelques beaux groupes de pins. Dans le district d’Otago, les fougères n’ont pas été détruites, on y voit jusqu’à présent des échantillons des espèces arborescentes. Tout au sud, dominent dans la végétation, les bruyères, les aralias[3] au feuillage glauque, les rubiacées du genre coprosma.


IV.

Sur les terres reconnues par le capitaine Cook et sur les îles voisines, le monde animal doit arrêter l’attention. On doute s’il existe un seul mammifère terrestre, mais les oiseaux sont en certain nombre, et parmi eux, il est des types tellement remarquables qu’ils impriment un caractère tout spécial à la région. Si les insectes, en général, ne frappent point comme ceux des tropiques, soit par la singularité des formes, soit par l’éclat des couleurs, ils portent néanmoins le cachet d’une patrie indépendante de toute autre contrée du globe.

Dans les pays chauds et jusque dans notre Europe, en la belle saison, la vie animale se manifeste sous les aspects les plus divers avec une vigueur incomparable. Du lever au coucher du soleil, au milieu des campagnes un peu sauvages ou dans les clairières des bois, il n’y a repos ni pour les yeux ni pour les oreilles. Les hyménoptères bourdonnent, les cigales et les sauterelles chantent, les mouches mêlent des sous aigus aux notes plus graves que font entendre les abeilles solitaires, les papillons voltigent, en montrant des ailes diaprées de vives nuances. Aux jours de printemps ou d’été, lorsque sont épanouies les fleurs des aubépines, des chardons,

  1. Aciphylla Colensoi et A. squarrosa.
  2. Discaria tomentosa.
  3. Les genres Aralia, Stilbocarpa, Panax, de la famille des araliacées.