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entre les montagnes et la mer. En cette contrée, il y a des paysages d’un charme indéfinissable ; il en est ainsi dans d’autres parties de l’île, où se trouvent de petits lacs; on a va Mapere, près la baie des Iles, exciter la curiosité, l’intérêt, l’admiration des anciens voyageurs.

Comme l’île du Nord, l’île du Sud est parée de belles nappes d’eau. Dans les Alpes occidentales se trouve resserré entre les montagnes le lac Wakatipow, ayant une longueur de 60 à 70 milles. Naguère encore ses rives étaient solitaires, même à peu près inconnues; aujourd’hui, on y rencontre des groupes de population assez nombreux. La recherche de l’or y a fixé des hommes qui, longtemps, avaient erré au hasard. En ces régions alpestres, l’eau s’est accumulée dans des bassins semblables à de larges rigoles. Ce sont autant de lacs d’aspect agréable si longs et si étroits qu’on serait tenté de les prendre pour des fleuves, si l’on ne remarquait la tranquillité de la surface. Du côté de l’est, au nord des montagnes d’Akaroa, est l’Ellesmere, un grand lac qui suscite d’intéressantes observations. Par momens il s’élève avec une rapidité extraordinaire, et son étendue ayant considérablement diminué depuis les premiers jours de la colonisation, on en tire la preuve que, à une date bien peu éloignée, les plaines de Canterbury étaient sous les eaux.

La constitution géologique de la Nouvelle-Zélande, observée dans les traits généraux par Ferdinand de Hochstetter, a été depuis plusieurs années le sujet d’études locales. Ainsi, l’île du Sud, spécialement explorée par M. de Haast, se trouve aujourd’hui mieux connue que l’île du Nord. Partout, en examinant les profondes gorges des rivières, on s’assure que les assises du sol sont des roches granitiques avec des gneiss, de la syénite, des micaschistes où se mêlent des grenats : roches très variables, au reste, dans la composition et dans la texture. En certains endroits on y découvre des filons de serpentine, la néphrite, la fameuse pierre verte tant prisée des Maoris. Sur quelques points se rencontrent les dépôts des plus anciennes mers et des micaschistes argileux; à des ardoises, à des grès sont associés les restes fossiles d’animaux qui caractérisent le terrain silurien. Dans les couches inférieures existent des minerais d’argent, de cuivre, de cinabre, de galène. Ailleurs, au milieu de l’argile, des ardoises et des grès, on recueille les fossiles qui signalent le terrain dévonien[1].

La Nouvelle-Zélande a, sur les trois îles, des gisemens carbonifères,

  1. Dans un ouvrage sur l’île Campbell qui doit paraître prochainement, M. Henri Filhol a résumé les observations des géologues de la Nouvelle-Zélande sur l’île du Sud, nous en tirons avantage pour notre rapide aperçu.