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paru les lacs qui font la richesse et la gloire d’une contrée. Que l’on entretienne un colon de la Nouvelle-Zélande des beautés de son pays d’adoption, il ne manquera jamais de parler des lacs comme d’une merveille. Ces nappes d’eau sont nombreuses, quelques-unes de très grandes dimensions ; plusieurs d’aspect gracieux, charmant ou magnifique. Dans l’île du Nord, entre le Tongariro et la baie d’Abondance où se montre le volcan de l’île Blanche, elles se succèdent à de faibles intervalles ; c’est le district des lacs. Entre tous, le Taupo tient le premier rang. Fort large en divers endroits, il n’a pas moins d’une trentaine de milles de longueur. Vers le; centre, au-dessus des eaux bleues, s’élève une petite île : Motu Taiko, l’appellent les Maoris; un site enchanteur, disent les Européens. Le lac superbe porte témoignage de convulsions du sol à une date bien peu reculée ; sous ses eaux profondes se tiennent encore debout en foule les troncs d’arbres d’une vieille forêt. Sur le terrain d’alentour, les pierres rejetées par des cratères depuis longtemps éteints forment des couches d’une épaisseur qui dénote dans le passé l’intensité des forces volcaniques. Un spectacle étrange et plein d’intérêt est réservé aux explorateurs qui gravissent les pentes du voisinage : le mont Kakaramea. Du sommet, les yeux embrassent dans le même regard le Taupo, situé à une hauteur inférieure à 400 mètres au-dessus du niveau de la mer et l’un des lacs du Rotoaïra, que sépare la montagne placée à une élévation au moins une fois plus considérable. Malgré la proximité, sur les rives des deux lacs, le climat est tout autre. Près du Taupo, on est frappé de la richesse de la végétation, de sa misère autour du lac de Rotoaira.

Que l’on atteigne le pays où les nappes d’eau sont particulièrement rapprochées, le district de Rotorna, ce sont de nouvelles surprises. Le lac le plus voisin du village dont il porte le nom n’est pas le plus grand, il est le plus beau. Sa forme est circulaire comme s’il avait été dessiné par la main des hommes, et au milieu de ses eaux tranquilles on distingue une montagne d’aspect singulier, cratère éteint qui autrefois dut illuminer l’espace pendant les nuits sombres; c’est l’île Mokoia. Plus loin, on voit le plus vaste lac de la contrée, le Tarawera et, presque contigu, le Roto-Mahana, le lac chaud, une des merveilles du monde. Celui-ci a une longueur d’un mille environ et ses eaux ont une température constante de 32 degrés centigrades; on croirait un bassin préparé par la nature pour permettre de se baigner en toute saison. Près du cours de la rivière Waïkato, on remarque encore, pour leur étendue, le Waïkari et le Wangapo, qui sont à peine séparés l’un de l’autre. Sur la côte occidentale, au pied de la chaîne des monts Tarara, existe une série de lacs ininterrompue jusqu’au mont Egmont. On en attribue la formation à une suite d’affaissemens du sol survenus à une époque indéterminée