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REVUE DRMATIQUE

LA PARODIE DANS LE THEATRE DE M. DUMAS FILS

Porte Saint-Martin : la Dame aux camélias. — Vaudeville : Diane de Lys. Comédie-Française : l’Étrangère.

Adèle n’est pas morte sous le poignard d’Antony ; après la scène de l’auberge, sa destinée ne pouvait finir si tôt : un viol, au théâtre, est-il jamais stérile ? Guérie de sa blessure, Adèle est devenue mère. Le fils d’Antony, depuis cinquante ans, a crû en force et en sagesse ; oui, en sagesse ! Il s’est senti inspiré d’une sorte de démon expiatoire : il a fondé, en mémoire de son père, une société pour le découragement des passions.

Je me suis laissé conter cette histoire : il se pourrait que ce fût un mythe. Nous avons dit récemment que la littérature de 1830, pour l’expression des sentimens, se tenait au-dessus de la vérité, celle de nos jours, au-dessous. Nous avons dit avec quelle puissance, lorsqu’il s’agissait d’élever le ton, Dumas père représentait sa génération ; depuis qu’il s’agit de le rabaisser, M. Dumas fils, lui aussi, par l’énergie qu’il y met, apparaît comme un type. Il faudra qu’un jour, sur la place Malesherbes, leurs statues se dressent face à face ; entre les deux passeront des hommes vivans, à peu près pareils, dans le secret de leur cœur, aux contemporains de tous les deux, et qui cependant interrogeront l’un et l’autre avec une inquiétude égale. « Nous connaissons ton œuvre, diront-ils au premier : se peut-il que d’un fond sincère ait coulé ce débordement de passion ? » Et au second : « Se peut-il