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de Moquegua, Tacna et Arica jusqu’à la complète exécution du traité à intervenir ; 7° la destruction des fortifications d’Arica et l’engagement de ne pas les relever.

Les plénipotentiaires péruviens déclarèrent qu’ils ne pouvaient entamer aucune négociation sur la base d’une cession territoriale quelconque et que leur gouvernement préférait s’en remettre aux chances de la guerre. On se sépara pour la continuer.

Au Chili comme au Pérou, l’on sentait que l’heure décisive avait sonné. Au reçu des nouvelles de la rupture des conférences, la marche sur Lima fut décidée ; il n’y avait plus à reculer, on la préparait avec activité, sans se dissimuler cependant les difficultés qu’elle présentait. Transporter sous les murs de Lima, à travers un pays ennemi, une armée de vingt-cinq à trente mille hommes bien armés et bien équipés, pourvus d’une nombreuse artillerie ; occuper fortement Tacna, Arica, Tarapaca ; créer une seconde armée de réserve pour combler les vides inévitables ; maintenir le blocus du Callao, et pour cela immobiliser devant ce port une partie de l’escadre nécessaire aux immenses transports de toute nature que nécessitait cette campagne hardie, tel était le problème qui s’imposait à l’état-major chilien et au ministre de la guerre. Établi à Tacna, ce dernier recevait les troupes que des bâtimens loués, achetés et frétés, amenaient sans relâche de Valparaiso et débarquaient à Arica, où l’encombrement était tel que les vivres frais et les fourrages menaçaient de manquer.

Tacna, où s’était livrée la dernière grande bataille gagnée par l’armée chilienne, est située à plus de 300 lieues au nord de Valparaiso, à près de 200 du Callao, et à peu de distance du port d’ Arica. L’eau y est abondante, les plaines fertiles et bien cultivées, le pays riche. Le gouvernement chilien en avait fait sa base d’opération pour la campagne qu’il préparait. Son plan était de tenter un débarquement au sud du Callao, tout en inquiétant l’armée péruvienne par une diversion au nord de cette ville. Dans ce dessein, on résolut d’occuper d’abord Pisco, sur la côte, à 50 lieues environ au sud de Lima ; on était assuré d’y trouver des ressources et un cantonnement convenable. Le 15 novembre 1880, une première division de huit mille quatre cents hommes s’embarquait à Arica et le 19, au matin, entrait, sans coup férir, dans Pisco. Le 30, arrivait la première brigade de la seconde division.

Excellent, comme point de ravitaillement, sur ces côtes où l’eau potable fait défaut et où les zones sablonneuses offrent de loin en loin seulement quelques rares puits et quelques oasis de verdure et de culture, Pisco était encore trop éloigné de Lima pour servir de point de départ à une attaque par terre. Il importait de se rapprocher. Le port d’Ancon, à 35 kilomètres au nord du Callao,