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UNE
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D'HISTOIRE ROMAINE

L’ancienne école disait de l’histoire : Scribitur ad narrandum, la considérant comme matière excellente pour d’éloquens discours ou d’intéressans tableaux. L’historien moderne a une tâche moins brillante, mais qui peut devenir plus utile : il essaie de retrouver les vérités de détail et de temps qui donnent la représentation fidèle d’une société, et les vérités générales qui sont de toutes les sociétés et de tous les temps. Il a besoin de science pour la recherche et la critique des textes, de philosophie pour l’interprétation des faits et des idées, d’art pour la mise en œuvre des documens et pour la vie qu’il faut rendre aux personnages historiques. Voilà l’idéal aujourd’hui proposé ; mais le fonds qui doit porter tout, c’est la vérité.

Pour la découverte de la vérité, le géomètre et le physicien ont deux méthodes puissantes : la déduction et l’expérimentation. Comme l’un, l’historien observe ; comme l’autre, il déduit, ou plutôt il constate les déductions que le temps a tirées. S’il ne peut, à l’exemple du chimiste, isoler un fait et le reproduire par des expériences multipliées, afin de l’étudier sous toutes ses faces et d’en faire sortir une loi, l’humanité est pour lui un immense creuset où tous les phénomènes de la vie des peuples et des individus se