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un mot, toutes les dépenses qui répondent à des exigences prévues sont inscrites dans le revenu.

Les statuts ne déterminent pas seulement les conditions de la vie matérielle, ils définissent aussi les devoirs, et tel de leurs articles fixe les punitions qui doivent être infligées à celui des membres de la famille qui, par une conduite coupable ou par dissipation, aura porté une atteinte grave à l’honneur de la famille.

Sans doute on ne comprendrait pas que ces coutumes pussent se maintenir si tout, dans l’éducation, n’en proclamait le respect. Notre système d’éducation est justement préparé pour le but qu’elle se propose d’atteindre, c’est-à-dire qu’elle inspire souverainement l’amour de la famille. Sans cette précaution, la famille serait probablement aussi divisée en Orient qu’elle l’est en Occident, où, il faut bien le reconnaître, elle n’existe plus comme force sociale, où elle n’a d’autre avantage que de créer des relations dont l’utilité se manifeste pour recueillir les successions inattendues, — circonstances qui seules réveillent l’esprit de famille.

Il y a cinq principes généraux qui forment et maintiennent, par l’éducation, le culte de la famille. Ce sont : la fidélité au souverain, le respect envers les parens, l’union entre les époux, l’accord entre les frères, la constance dans les amitiés. Ces principes sont l’essence même de l’éducation et tendent à introduire dans l’esprit la conviction qu’il est nécessaire d’y enraciner pour aimer la famille et en maintenir l’antique organisation, en dépit des incompatibilités d’humeur qui servent généralement d’excuse aux moins excusables désordres.

La famille dans laquelle nous naissons a derrière elle quarante siècles de paix, et chaque génération qui passe en accroît le prestige. Aussi, qu’on ne soit pas étonné si l’esprit de famille est si puissant en Chine, et si le premier article de notre symbole est la fidélité envers le souverain. Le souverain est, en effet, la clé de voûte de tout notre édifice ; il est le chef de toutes les familles, le patriarche auquel sont dus tous les dévoûmens. Servir le souverain, c’est servir le grand maître de la famille universelle et honorer sa propre famille. C’est ce qui explique suffisamment que le mobile le plus élevé de l’ambition soit d’appartenir aux administrations de l’état.

Le respect envers les parens ou l’amour filial est un sentiment qui se manifeste sous tous les cieux. Il vit dans le cœur de l’homme ; c’est un sentiment naturel. En Chine, le respect filial est très grand, et il a sa particularité dans ce fait que les parens bénéficient de tous les services rendus par leurs enfans. Ainsi, non-seulement les enfans doivent respect et reconnaissance à leurs parens, mais