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LE
COMPAGNON DE CORTEZ

LA CHRONIQUE DE BERNAL DIAZ

Véridique Histoire de la conquête de la Nouvelle-Espagne, par le capitaine Bernal Diaz del Castillo, l’un des conquérans. Traduite de l’espagnol, avec une introduction et des notes, par M. José Maria de Heredia. Paris ; Lemerre.

C’est un rare et curieux livre, il dormait depuis le XVIe siècle dans les bibliothèques espagnoles. Un érudit vient de le traduire avec une passion d’artiste, qui trahit la plume hardie, coutumière des beaux sonnets ; le vieux langage castillan a passé sans effort dans un français naïf, presque contemporain de l’époque, tel que d’Aubigné ou Montluc eussent pu l’écrire. Si parfois le traducteur dépasse un peu la mesure permise dans l’archaïsme, on aurait mauvaise grâce à s’en plaindre, tant cette adaptation scrupuleuse rend bien l’esprit du pays et du temps, la gaucherie littéraire et l’emphase du cavalier espagnol. Le choix et la sagacité des notes qui éclairent le texte ne méritent pas moins d’éloges.

Nous connaissions par les historiens postérieurs cette épopée sans pareille, la conquête du Mexique. Prescott en a fait un tableau exact et animé ; mais je ne l’ai comprise, je ne l’ai vue vivre qu’en lisant le récit du soldat-chroniqueur. Tel un chapitre de Joinville ou de