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La liquidation devait réduire à 1,600 millions les 2,222 millions d’effets présentés au visa ; mais les difficultés et les embarras du travail déterminèrent les commissaires à délivrer des certificats de liquidation montant ensemble à 1,676 millions. Ces certificats étaient publiés au far et à mesure qu’ils étaient arrêtés. Dès le 15 février, une première liste put être connue : les 31e 32e et 33e listes parurent le 13 août. On assigna d’abord, comme emplois, aux certificats de liquidation les 25 millions de rentes à 2 1/2 pour 100 créées en juin 1720, les 4 millions de rentes viagères et les 8 millions de rentes perpétuelles sur les tailles constituées au mois d’août suivant : les certificats furent ensuite admis en paiement de la finance des offices municipaux rétablis par un arrêt d’août 1722, des surenchères de domaines engagés et des restes des taxes de la chambre de justice de 1716 (arrêts des 3 et 16 octobre 1722); ils furent aussi reçus aux hôtels des Monnaies pour 1/8, avec 7/8 d’espèces dans la refonte monétaire commencée en septembre 1720; enfin 200 millions de rentes viagères à 4 pour 100 sur les tailles, créées en juillet 1723 et en janvier 1724, achevèrent de libérer l’état.

Mais avant que les dernières listes de certificats eussent été publiées, la liquidation du système avait été complétée par une mesure nouvelle qui en fut comme le trait final. Soit qu’on eût reconnu que les fortunes des plus riches mississipiens n’étaient pas suffisamment réduites, soit qu’on se fût aperçu que ceux qui avaient plus entièrement réalisé leurs bénéfices en achetant des immeubles, ou en faisant passer leurs capitaux à l’étranger, n’étaient même pas atteints, un arrêt du 29 juillet ordonna « qu’il serait fait une imposition, à titre de capitation extraordinaire, sur ceux qui avaient fait des fortunes considérables à l’occasion du commerce de papier depuis 1719. » — Pour écarter le souvenir de la chambre de justice de 1716, ce fut le conseil lui-même qui, pendant les mois d’août et de septembre, secrètement et sans aucune information contradictoire, prépara et arrêta le rôle de cette imposition : l’arrêt ne fut publié que quand on put y joindre la liste de cent quatre-vingts personnes taxées à 187,893,661 livres. Triste temps que celui où quelques hommes peuvent enlever d’un trait de plume à ceux qui les possèdent près de 200 millions plus rapidement encore qu’ils n’ont été gagnés dans les mouvemens désordonnés de la spéculation et de l’agiotage !

La liquidation des actions, comme celle des effets, ne put se maintenir