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feuilles représentaient non-seulement les actions de la compagnie et les billets de la banque, mais toutes les rentes constituées sur l’état, les dettes mobilières du règne précédent et la finance des offices supprimés depuis 1715 ; c’était une partie, la plus grande sans doute, de la propriété mobilière en France à cette époque.

Les commissaires du visa n’avaient pas tardé à s’apercevoir que les déclarations étaient souvent insuffisantes pour constater et faire reconnaître l’origine des effets présentés : ils pensèrent que les actes de vente et tous les contrats passés et déposés chez les notaires fourniraient un utile supplément d’information. Cette perquisition dans les archives et dans le secret des familles blessait des sentimens respectables; mais les scrupules de droit et de justice n’avaient pas arrêté le système dans tous les expédiens auxquels il avait eu recours pour se soutenir, ils n’arrêtèrent pas le visa dans l’accomplissement de l’œuvre qu’il avait entreprise. Malgré la résistance du chancelier, du duc de Noailles et de plusieurs autres membres importans du conseil de régence, un arrêt du 14 septembre prescrivit à tous les notaires de remettre aux commissaires du visa et aux intendans des extraits fidèles de vous les actes portant translation de propriété, constitution de créances ou quittance de remboursemens reçus et passés depuis le 1er juillet jusqu’au 31 décembre 1719.

Il ne restait plus qu’à poursuivre à l’aide de ces documens, le dépouillement, le classement, le bilan des effets visés dans les 511,009 feuilles de liquidation. Ce travail, qui exigea encore près de deux mois, fut clos le 23 novembre par deux arrêts séparés concernant, l’un les effets dont l’état était débiteur et l’autre les actions de la compagnie.

Le procès-verbal du visa constate avec certitude que la somme totale des effets présentés s’élève à 2,222,597,581 livres et comprend :


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Rentes perpétuelles sur la ville 1,020,087,608
Rentes viagères sur la ville 91,528,172
Rentes perpétuelles sur les tailles 30,759,124
Rentes viagères sur la compagnie 92,773,925
Récépissés du trésor, comptes en banque, billets et autres effets devant être convertis en actions rentières 987,448,752
2,222,597,581


Il n’est pas un de ces effets que l’état puisse refuser de payer: il est débiteur des rentes et des récépissés qui ne sont que des