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de la valeur pour laquelle elles ont été portées, si mieux n’aiment les propriétaires les retirer en billets de 10,000 et de 1,000 dans le mois pour tout délai. » Comme conséquence de cette disposition, « les effets de commerce et les ventes de marchandises en gros faites avant la publication du présent ou avant qu’il ait pu être connu à l’étranger et qui devaient être payés en écritures en banques, seront acquittés en nouvelles écritures sur le pied du quart, au moyen duquel quart la somme totale de ces effets et ventes de marchandises sera acquittée en entier. » La banque ‘ait faillite de 75 pour 100 à ceux qui ont déposé des fonds en compte courant dans sa caisse, et elle les dispense, dans une proportion égale, de remplir leurs engagemens. En réduisant ses actions à 200,000 (le 3 juin) et en leur demandant un supplément de 3,000 livres, à moins qu’elles ne se convertissent de trois en deux, la compagnie évaluait les actions à 9,000 livres, et à 12,000 quand elles seraient remplies ; le 15 septembre, les actions remplies sont fixées à 2,000 livres seulement. Enfin, le nombre des actions est définitivement fixé à 250,000; la compagnie est autorisée à en émettre 50,000 nouvelles; la promesse d’un dividende de 360 livres par action est renouvelée.

Mathieu Marais, dans ses Mémoires, a conservé le souvenir de l’impression profonde que produisit la publication de cet arrêt extraordinaire : «On a publié un arrêt du 15, qui a rendu l’alarme bien réelle, et le mal s’est trouvé plus grand qu’on ne le craignait. La plume tombe des mains, et les expressions manquent pour expliquer les dispositions de cet arrêt, qui renferment toutes les horreurs du système expirant. Le poison était à la fin... C’est comme si l’on disait : Si vous devez 1,000 livres, vous serez quitte en payant 250 livres. C’est une banqueroute des trois quarts sur le compte en banque et des cinq sixièmes sur l’action. »

Les actions n’avaient pas toutes versé le supplément de 3, 000 livres, ou ne s’étaient pas converties de 3 en 2 : un arrêt déclare (le 5 octobre) que celles qui n’auront pas été remplies avant la fin du mois, « demeureront nulles et de nul effet. »

Le dividende de 360 livres promis à 250,000 actions exige un profit annuel de 90 millions : or les revenus et les bénéfices commerciaux de la compagnie ne dépassent pas 32,500,000, et 50,500,000 avec l’annuité de 18 millions qui lui a été rendue. Mais, sous prétexte que les billets de 100 livres et de 10 livres « se trouvent répandus entre un grand nombre de personnes, dont la plupart n’en ont pas suffisamment pour profiter des emplois offerts aux gros billets,.. il a été proposé d’y suppléer par un nouveau travail de monnaies, pour lequel l’or et l’argent seront reçus avec moitié