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LES
CONCERTS DU DIMANCHE
ET LES
MAITRES SYMPHONISTES

BEETHOVEN, BERLIOZ, RICHARD WAGNER.

Berlioz raconte dans ses Mémoires qu’aux environs de 1830 un employé du ministère des beaux-arts le prit à part en lui disant : « Qu’est-ce donc que ce Beethoven? Tout le monde en parle, et pourtant il n’est pas de l’Institut. » On serait tenté de rire beaucoup de ce pauvre employé si l’on ne savait, d’autre part, qu’en 1812 le grand Weber écrivait, après avoir entendu la symphonie en la cette phrase stupéfiante : « Beethoven est aujourd’hui mûr pour les petites-maisons. » L’employé n’était qu’ignorant ; l’auteur du Freischütz blasphémait-il par jalousie ou par étroitesse? Et Berlioz! que ne dut-il pas entendre sur son propre compte dans sa longue et tragique carrière! Compris de quelques initiés, il passait pour un fou aux yeux du grand nombre. Mais si les vivans de génie n’avancent qu’à grand’peine, les morts vont vite. Aujourd’hui