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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 février.


Voici donc qui est entendu. Après bien des discours sur les affaires économiques et la crise de l’industrie, sur les salaires et les chômages, sur la participation aux bénéfices et la mutualité, quand toute l’éloquence des hôtes du Palais-Bourbon a été épuisée, que le gouvernement l’ait voulu ou qu’il ne l’ait pas voulu, il a fallu en passer par là : on n’a pu échapper à la nomination d’une commission composée de quarante-quatre députés, chargée souverainement, de rechercher les causes des malaises industriels du moment et de découvrir les remèdes !

La France compte dans son histoire parlementaire une enquête de plus. C’est le seul résultat sensible d’une discussion qui s’est prolongée pendant quelques jours et qui a fini, comme toutes les discussions confuses, par une contradiction de scrutin, puisque l’enquête qui a été décrétée à la dernière heure semble démentir ou annuler l’ordre du jour qui venait d’être voté un instant auparavant. Ce n’est point sans doute qu’une commission d’enquête de plus soit une bien grave affaire. Celle qui vient d’être nommée n’est pas la première, elle ne sera pas la dernière. C’est un de ces expédiens parlementaires auxquels on a recours toutes les fois qu’on se trouve en face d’une question hérissée de difficultés et à peu près insoluble. Seulement le danger, l’inconvénient des expédiens de ce genre, adoptés avec un peu trop d’apparat, sous certaines impressions du moment, quelquefois par un besoin maladif de popularité, c’est de dénaturer ou