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pas encore choisis. Des trois ports nommés, Fousan est celui qui a le plus d’avenir. Il possède une très jolie baie, bonne pour le mouillage des navires, et bien située pour les communications avec l’intérieur. D’après le commodore Shufeldt, les articles d’importation qui trouveront une facile vente en Corée sont les marchandises de quincaillerie légère, la bijouterie, les pendules et les montres.

D’ailleurs, pour se faire une idée assez réelle des avantages que le commerce européen peut retirer de l’ouverture de la Corée, il faut avoir recours au rapport que les consuls anglais en résidence au Japon ont rédigé sur les échanges qui se sont faits pendant une période de cinq années entre ce dernier pays et la Corée. Il nous serait, certes, plus agréable d’avoir à consulter les travaux de nos agens sur ce sujet. Mais où les trouver ? Pour avoir les notes des consulats anglais, il suffit d’ouvrir les journaux des localités étrangères où résident ces fonctionnaires. Jamais nos représentans ne livrent leurs travaux aux nationaux qu’ils sont pourtant chargés d’éclairer et de protéger, soit peut-être parce que cela ne s’est jamais fait, soit parce qu’ils dédaignent une publicité qui ne les fait connaître que hors de France, et à un point de vue commercial. Un consul français veut avant tout que l’on croie qu’il est agent politique, et cette vaniteuse prétention en rend un très grand nombre insuffisans et inutilement dispendieux.

Le chiffre des transactions entre la Corée et le Japon s’est élevé de 1877 à 1881 à la somme de quarante-cinq millions de francs. La valeur totale des articles de provenance japonaise importés en Corée, pendant ces cinq années, ne s’élève qu’à 537,846 yens, ou moins d’un huitième du commerce total d’importation[1] ; un tiers de cette somme consiste en cuivre, le seul article, d’après les statistiques, ayant une certaine importance. À l’exception de ce métal, les deux principaux produits fournis par le Japon à la Corée sont la soie et le thé. Or les Coréens pourront se procurer toujours en Chine la quantité de thé qui leur sera nécessaire ; quant à la soie, il ne paraît pas certain qu’ils aient besoin de recourir aux étrangers pour en avoir chez eux.

La valeur des articles de provenance étrangère importés en Corée est de 4,065,591 yens. Cette somme représente la classe la plus grossière des cotonnades anglaises. Elles sont venues de Shanghaï à Kobé, port japonais, puis de là aux ports coréens. Aussitôt que la Corée sera ouverte au commerce en général, le Japon cessera probablement de participer à ce trafic. Les Anglais prendront sa place. Les Coréens, malgré leur pauvreté, sont remarquablement bien

  1. Le yen vaut 5 francs environ.