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moyen de conduites en bambou. Dans ces conditions, on devine que l’aspect général des villages est loin d’être attrayant. Les rues sont sales et tellement étroites qu’une voiture ordinaire ne peut y passer. Il s’y tient pourtant des marchés où l’on vend tous les cinq jours de la viande, des légumes, du poisson, des grains, des étoffes et des meubles. En regardant dans les boutiques, on y voit des pipes, du tabac que l’on cultive dans le pays, du papier, des épingles à cheveux, des petits miroirs, des peignes, des couteaux, et autres menus articles de bimbeloterie qui attirent aussi bien les hommes que les femmes. Ailleurs, on vend des objets pour la table, tels que plats, bassins et tasses. Ces objets sont en porcelaine ou en métal ; les premiers ne peuvent être utilisés que l’été, car le froid est tellement rigoureux en hiver que les liquides qu’ils contiendraient les briseraient en se congelant.

Il n’y a pas en Corée de maisons de thé organisées comme au Japon, c’est-à-dire avec luxe et originalité. Vous n’y trouvez que quelques petites maisons dans les villes et les villages où les voyageurs peuvent s’arrêter, manger et boire. D’horribles vieilles femmes tiennent généralement ces taudis, et si un étranger, même un Japonais, jette en passant un simple coup d’œil sur ces mégères, on les voit se voiler ou prendre la fuite. Il est donc difficile de dîner ailleurs que chez soi dans cet affreux pays. Quelques-unes de ces misérables auberges sont tenues par des hommes ; celles-là sont tout aussi grossièrement construites que celles tenues par les femmes, et des nattes pour se reposer sont simplement étendues sur le sol, qui n’est recouvert d’aucun plancher.


III.


Les Coréens, par leur physionomie, rappellent les Japonais du sud, particulièrement ceux de Satsouma, mais ils ont les traits plus fins et plus réguliers. Beaucoup portent toute la barbe. Les femmes aussi sont fortes, la plupart d’une taille de plus de cinq pieds deux pouces. Le type mongol domine, mais les Coréens ressemblent plus, comme nous le disions, aux Japonais qu’aux Chinois. Il est probable que la masse du peuple représente un faisceau de races diverses, car il est facile d’y trouver des types très purs de Japonais, de Chinois, de Tatares, de Tongouses, et peut-être même de Malais. En général, ils ont le teint cuivré, le nez court, un peu épaté, les pommettes proéminentes, la tête et la figure arrondies, les sourcils élevés. Leurs chevelures sont noires ; il n’est pas rare cependant de rencontrer des cheveux châtains et même châtain clair. La barbe est peu fournie, beaucoup de visages n’en ont pas. Les Coréens sont de taille moyenne dans le sud ; mais, au nord, les indi-