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élémentaires sur l’histoire de la langue française. — Mots d’origine populaire, savante, étrangère ; persistance de l’accent tonique dans les mots d’origine populaire. Mots tirés du latin par les savans, souvent en opposition avec les règles de l’accent tonique. Doublet.

« LANGUE LATINE. — Sixième : Syllabes marquées de l’accent tonique ; cinquième : procédés de dérivation et de composition des mots. Mots simples. — Groupement des mots dérivés et composés. — Étude sur les significations accessoires exprimées par les préfixes et les suffixes. Groupement des mots d’après leur formation. Groupement des mots d’après leur sens.

« LANGUE GRECQUE. — Quatrième : Accent tonique : les élèves seront exercés à le faire sentir dans la prononciation… Exercices sur le vocabulaire d’après les mêmes principes que pour le latin en cinquième. — Distinguer les mots d’origine commune de ceux que le latin a tirés du grec. »

Voilà quelques échantillons de la nouvelle méthode ; encore sont-ils fort incomplets et ne faut-il les considérer, — c’est le programme qui parle, — que comme un sommaire des notions que les élèves devront posséder à la fin de chaque année. Jugez un peu, si le conseil ne s’était pas retenu ! Eh bien ! je le demande à tous ceux qui ont réfléchi sur ces questions, sont-ce là des matières accessibles à de tout jeunes enfans et peut-on vraiment imaginer qu’ils en tirent un réel profit ? Se peut-il que des gens sérieux, des esprits droits l’admettent ? Il y en a cependant, et plus d’un : j’ai nommé M. Bréal et je pourrais, après lui, citer M. Chassang. Tous deux, en effet, ont leur part de responsabilité dans la nouvelle direction donnée aux études grammaticales : le premier pour avoir été en France le vulgarisateur et le parrain de la méthode comparative et historique, et l’avoir indûment fait passer de sa chaire du Collège du France dans l’enseignement secondaire ; le second pour avoir remplacé nos vieilles grammaires, si commodes et si claires, par des ouvrages beaucoup plus savans, mais d’une lecture infiniment moins facile. Leur rôle, au reste, s’explique le plus naturellement du monde. A force de cultiver une science, on s’en exagère toujours un peu l’importance et, si sèche ou si abstruse qu’elle soit, on finit par la trouver lumineuse. Tel a été très vraisemblablement le cas de M. Bréal et de M. Chassang : leur « violente amour » de la grammaire comparée les a jetés dans une erreur d’optique commune à beaucoup de spécialistes ; ils ont été frappés d’une sorte de daltonisme qui leur a fait apparaître leur étude favorite sous les plus fraîches couleurs. Et voilà comment la méthode philosophique, historique et comparative règne aujourd’hui dans nos collèges et tyrannise tant de pauvres petits cerveaux. Voilà