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grands hommes et de leurs grands capitaines, qui sera toujours le principal attrait et le fond des études historiques dans l’enseignement secondaire. Les programmes et les conseils auront beau se succéder, il est à craindre qu’ils ne rencontrent longtemps encore à cet égard la résistance passive, mais résolue, que l’université a plus d’une fois opposée à de dangereuses expériences.

La géographie, bien qu’elle eût déjà reçu depuis 1870 une extension notable, a paru comporter, elle aussi, de nouveaux développemens. Le conseil supérieur en a mis partout. Nous permettrait-on de renouveler ici très timidement, et en demandant pardon de la liberté grande, une réserve que nous avons, déjà formulée plus haut ? Dirons-nous, au risque d’être excommunié par les spécialistes, qu’on leur a fait trop de concessions ? Quelque importance qu’on attribue à la géographie, il est clair, en effet, qu’elle ne constitue dans l’ensemble des études classiques qu’un enseignement accessoire. Sans être précisément la servante de l’histoire, comme la philosophie l’était autrefois de la théologie, elle n’en peut et n’en doit être, en bonne pédagogie, que l’auxiliaire. Les nouveaux programmes, élaborés sous l’empire de préoccupations exclusives, ont trop rapproché les distances. Était-il, par exemple, si nécessaire d’ajouter aux exercices déjà très compliqués de la classe préparatoire, où l’on entre en général de huit à neuf ans, des notions sur « la forme, la dimension et les mouvemens de la terre, sur l’horizon, les pôles, l’équateur ? » Vraiment on aurait bien pu remettre quelque peu ces notions, même très élémentaires. Pareillement, en huitième, où le cours embrasse « les cinq parties du monde, les principaux voyages de découvertes, les grands navigateurs. » J’entends bien qu’il ne s’agit ici, comme précédemment, que de données succinctes, et qu’il ne faut pas trop prendre le programme au pied de la lettre. Mais c’est là justement le point : Pourquoi des programmes, s’ils sont impossibles à remplir, et pourquoi tant de matières accessoires qui font double emploi, qui se répètent, se brouillent et s’enchevêtrent, quand vous avez déjà si peu de temps pour les études fondamentales ?

Pourquoi surtout, — et nous entrons ici, laissant la géographie, dans un autre ordre d’idées, nous touchons à l’erreur capitale ; de la nouvelle pédagogie, — pourquoi, dans les basses classes, tant d’heures consacrées aux sciences : quatre heures de calcul, d’exercices de calcul mental et de leçons de choses dans la classe préparatoire ; quatre heures de calcul, de géométrie, d’histoire naturelle des animaux et des végétaux en huitième ; quatre heures d’arithmétique, de géométrie, d’histoire naturelle des pierres et des terrains et d’élémens des sciences expérimentales en septième ; quatre