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LES
SOCIETES OUVRIERES

Enquête de la commission extra-parlementaire des associations ouvrières. Imprimerie nationale, 2 vol. 1883.

Le travail subit, en ce moment, les effets d’une crise prolongée. La statistique atteste le ralentissement de la production et du commerce. Quant à la spéculation, qui contribue pour une si forte part à l’activité générale, elle s’est retirée sous la tente et elle se recueille, loin du champ de bataille où elle a été cruellement meurtrie. Dès lors, la main-d’œuvre est plus rare, le salaire se partage entre un moins grand nombre d’ouvriers, et les chômages se multiplient. Aux chômages se joignent les grèves. On demande que l’état et les villes donnent du travail aux ouvriers ; on réclame soit des augmentations de salaires, soit l’application de divers systèmes d’association, qui, remplaçant le salaire fixe, procure à la main-d’œuvre une rémunération plus élevée. Le travail a déjà éprouvé des crises semblables, les difficultés qui naissent du chômage et des grèves ne sont pas nouvelles, et la plupart des remèdes indiqués sont connus depuis longtemps. Cependant la crise actuelle présente un caractère particulier de gravité : elle ne provient pas seulement d’un malaise industriel destiné, selon les précédons, à n’être que transitoire ; elle se complique d’un malaise politique et social qui rappelle, par des signes nombreux, la période de 1848. Comme à cette dernière date, le gouvernement y intervient.

Par arrêté du 20 mars 1883, le ministre de l’intérieur a institué