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résolues les grandes combinaisons économiques dont, s’occupe en ce moment le gouvernement italien et qui concernent l’exploitation des chemins de fer de la péninsule et le régime de la circulation fiduciaire.

Les valeurs ottomanes n’ont pas eu tout d’abord une aussi bonne fortune. La conversion des titres de la dette étant tenue pour prochaine, la spéculation était plus disposée à vendre qu’à acheter du 5 0/0 turc, et la banque ottomane ne pouvait que souffrir également de cette disposition. Le bruit répandu depuis deux jours que la conversion pourrait être de nouveau ajournée a relevé la rente à 9 francs, et l’action de la Banque à 660. On a dit aussi que cette société avait pu négocier, il y a peu de jours, à une maison de banque d’Allemagne environ dix mille de ces obligations privilégiées qui viennent d’être admises à la cote officielle et y sont tenues au prix de 380 francs.

L’Unifiée d’Égypte valait, il y a un mois environ, 315 francs. La voici à 345. Cette hausse de 30 francs est la conséquence du revirement qui s’est produit dans les intentions du gouvernement britannique à l’égard de l’Égypte. Le cabinet Gladstone a confié au général Gordon la défense du Soudan, et d’autre part il a laissé clairement entendre que les événemens lui imposaient l’obligation de maintenir plus forte que jamais la suprématie de l’Angleterre en Égypte. La maison Rothschild vient de consentir au gouvernement du khédive une avance d’environ un million de livres. Il est peu probable qu’elle eût fait une telle opération dans les circonstances actuelles si elle n’avait obtenu du gouvernement anglais les assurances les plus formelles concernant le protectorat britannique dans la vallée du Nil.

Le Suez, le Crédit foncier, le Lyon et le Gaz ont monté encore, pendant cette dernière quinzaine, mais sans emportement. Les recettes de la Compagnie de Suez, pour janvier 1884, présentent une augmentation de près d’un million sur celles de 1883, malgré l’application de la détaxe. On ne parle plus de la convention avec les armateurs, contre laquelle continuent à protester quelques voix isolées en Angleterre. Les actions des Chemins espagnols ont bénéficié du retour de faveur dont les fonds publics de la péninsule ont été l’objet. Parmi les titres des établissemens de crédit, la seconde quinzaine de janvier a vu s’accuser quelques velléités de reprise. Le Crédit lyonnais, la Banque d’escompte, la Banque franco-égyptienne, ont été les plus favorisés. Le réveil des affaires rendrait la vie à tout ce groupe de valeurs. Mais ce réveil d’affaires implique une participation active du public dans les mouvemens de cours qu’enregistre la cote de la Bourse, et cette participation, on doit le reconnaître, est encore bien faible en ce moment.


Le directeur-gérant : C. BULOZ