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LA
MARINE DES EMPEREURS
ET LES
FLOTILLES DES GOTHS


I

Les grands combats de mer, combats bien plus sanglans autrefois qu’aujourd’hui, car ils étaient la plupart du temps des combats corps à corps, sont heureusement fort rares. A la journée d’Actium, suivant l’énergique expression de Bossuet, « toute la puissance de Rome s’est mise sur mer ; » mais d’Actium à Lépante, il s’écoulera un peu plus de mille six cents ans. Combien de siècles sépareront Trafalgar d’un nouveau débat pour la suprématie maritime ! Des élémens encore inconnus interviendront alors, et il est difficile de prévoir quelles nations, à cette époque, se disputeront le sceptre et jetteront les dés ; ce qui reste indubitable, ce sont les surprises que la science réserve à nos petits-neveux : la science est l’arme des nations qui perdent peu à peu leur virilité ; elle les protège pendant un certain temps contre l’invasion des barbares, et nous ne saurions oublier les services que le feu grégeois a rendus à l’empire byzantin. Ne nous arrêtons donc pas dans nos recherches : perfectionnons nos armes, faisons progresser notre stratégie, et prenant pour devise le magnifique mot d’ordre de l’empereur romain, travaillons ! Laboremus.