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Fleury se décida à une démarche qui a laissé sur sa mémoire une tache ineffaçable. Il prit la plume et de sa main tremblante écrivit lui-même à M. de Königseck, sous prétexte de le remercier des paroles obligeantes que Belle-Isle lui avait fait connaître : « M. le maréchal de Belle-Isle, lui disait-il, ne m’a pas laissé ignorer, monsieur, la bonté que Votre Excellence a eue de se souvenir de moi, dans la conférence qu’il a eue avec elle, et je me flatte que mes sentimens pour sa personne et pour ses talens lui sont connus depuis trop longtemps pour ne pas être persuadé que je serai toujours très sensible aux marques de l’honneur de son amitié. Je m’en serais tenu pourtant au simple remercîment que je lui dois, si je ne me croyais pas obligé de lui témoigner la peine extrême que j’ai eue en apprenant qu’on me regardait à Vienne comme l’auteur principal de tous les troubles qui agitent aujourd’hui l’Allemagne. Il ne me conviendrait pas, dans le moment présent, de me justifier d’une accusation que je ne mérite certainement pas, et moins encore de le faire aux dépens de personne. Je ne puis pourtant pas m’empêcher d’assurer Votre