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le paiement des intérêts et le remboursement du principal des promesses de la caisse des emprunts, mettaient les porteurs de ces promesses en état de s’en servir facilement dans leurs affaires et devaient empêcher qu’elles se négociassent à perte… Cependant les usuriers continuent à en faire un trafic criminel et si usuraire que la négociation ne s’en peut faire qu’à 80 pour 100 de perte… Ainsi il est indispensable d’ôter ces promesses du commerce, d’en payer la valeur et de supprimer la caisse des emprunts. Le roi aurait souhaité pouvoir ordonner ce paiement en argent comptant ; mais les dettes contractées pour les dépenses de la guerre et les aliénations de partie de ses revenus ne le permettant pas, il s’est déterminé à les faire payer en contrats de rentes remboursables d’année en année. — Mais, comme il ne serait pas juste de faire rembourser en entier le montant des dites sommes à ceux qui en ont acquis par des négociations usuraires, il en fera faire le remboursement sur le pied de la moitié, et ce paiement sera même encore trop favorable par rapport aux profits illicites qui y ont été faits, puisque la plupart de ceux qui en sont à présent porteurs n’en ont pas payé le quart de la valeur ; et, à cet effet, elles seront représentées devant des commissaires du conseil pour reconnaître celles qui n’auront été négociées ni directement ni indirectement, et leur remboursement sera fait sans aucun retranchement. » Cet édit n’avait encore reçu aucune application quand la mort du roi vint, quelques semaines après, en suspendre l’exécution.

Les billets des trésoriers de l’extraordinaire des guerres, de la marine et de l’artillerie, causèrent les mêmes embarras que les promesses de la caisse des emprunts. Comme on ne pouvait les rembourser, on permit de les employer, tantôt en acquisitions de charges, tantôt en rentes perpétuelles ou viagères aux mêmes conditions que les autres effets royaux, et toutes ces combinaisons n’en éteignirent qu’une faible partie. Au 1er janvier 1708, ils s’élevaient à 61 millions et ils n’avaient pas diminué en 1715, bien que l’année précédente (juin 1714) on eût établi une loterie en forme de tontine, dont les actions de 1,000 livres étaient payables en billets des trésoriers avec un quart de numéraire. Cette loterie ayant échoué, elle fut supprimée par un édit (août 1715) qui convertit tous ces billets en rentes au denier 25 ; mais, attendu la négociation usuraire qui en avait été faite, ils ne furent reçus que pour partie de leur principal, ainsi que les promesses de la caisse des emprunts. Cet édit, comme celui qui concernait les promesses, ne fut pas exécuté.

Aucun de ces expédiens de trésorerie n’avait réussi : Desmarets, devenu contrôleur-général, n’en fut pas découragé et tenta un essai nouveau. Il entreprit de faire faire la régie et le recouvrement d’un