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dépouillent en grandissant et qui sert, dans une certaine mesure, à les mettre à l’abri des attaques de leurs ennemis.

Les crabes sont très voraces ; invulnérables eux-mêmes, ils dévorent tous les petits animaux qu’ils rencontrent et souvent s’attaquent entre eux ; on pourrait certainement les élever dans des viviers en les nourrissant avec des débris d’abattoirs ; mais ils sont trop peu recherchés pour qu’il y ait intérêt à le faire. La langouste, abondante sur nos côtes, surtout dans la Méditerranée, peut atteindre une taille de 0m, 50 et un poids de 4 à 5 kilogrammes. Elle habite ordinairement les grands fonds, mais au printemps elle se rapproche du rivage, où elle cherche les endroits rocailleux. La femelle pond en automne, après accouplement, de 60,000 à 100,000 œufs, qui restent agglutinés sous sa queue pendant environ six mois ; elle les détache alors et les abandonne au gré des eaux ; après quinze ou vingt jours, ces œufs donnent naissance à des larves appelées phyllosomes, qu’on a longtemps supposées appartenir à une espèce différente et qui ne prennent leur forme définitive qu’après une série de transformations successives. Les langoustes sont très faciles à élever dans des parcs et n’exigent d’autre nourriture que les animalcules dont la mer est remplie.

Le homard, ou écrevisse de mer, peut atteindre une longueur de 0m, 55 et un poids de 6 à 7 kilogrammes. Il habite surtout les côtes de l’Océan, dans les anfractuosités des rochers, où on va le pêcher. Il se reproduit à peu près comme la langouste et, comme elle, peut facilement être conservé et élevé dans des réservoirs. En 1881, ceux-ci étaient au nombre de 92 et livraient chaque année au commerce plus de 100,000 pièces.

En Norvège, — car c’est toujours à ce pays qu’il faut revenir quand il s’agit de pêche, — les côtes sont très abondantes en homards. On les prend au moyen de barils de bois, percés de deux trous qui permettent l’entrée du homard et renferment une combinaison intérieure qui l’empêche de sortir. Cet engin, amorcé de petits poissons, est coulé à la profondeur de 2 à 4 brasses. Le pêcheur vient prendre les homards, qu’il renferme, leur lie les pinces pour les empêcher de se mutiler réciproquement et les met dans un vivier jusqu’au moment de la vente. Ce sont ordinairement des commissionnaires qui les recueillent pour le compte de compagnies anglaises, auxquelles ils sont vendus à l’avance à un prix déterminé.

Les salicoques, ou crevettes, comprennent plusieurs espèces ; elles sont très communes sur nos côtes des deux mers et d’une fécondité prodigieuse ; on les pêche soit à pied en suivant le flot quand il baisse et en poussant devant soi un filet en forme de truble, soit en bateau avec des filets qu’on traîne sur le sable et qu’on relève de temps en temps. On pêche, année moyenne, de