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environs de Pornic et des Sables-d’Olonne. Il en existe aujourd’hui 924, couvrant une étendue de 1,467 hectares.

Indépendamment des pêcheries et des parcs de pêche établis sur le littoral, il existe un assez grand nombre de viviers qui sont destinés à emmagasiner le poisson pour le conserver jusqu’au moment de la vente. La plupart des marins traitent de leur pêche à forfait avec des négocians à raison de tant par kilogramme. Si la pêche a été abondante, comme le poisson ne se conserve pas, les prix s’avilissent et les négocians se trouvent en perte ; d’autre part, quand la pêche est nulle par suite des mauvais temps, ils ne peuvent satisfaire leur clientèle, quelque prix qu’on leur donne : c’est à empêcher les fluctuations du marché que sont destinés les viviers où l’en conserve les poissons vivans. En 1881, il en existait 1,620 couvrant une superficie de 1,174 hectares et appartenant à des particuliers. Il serait désirable qu’on en multipliât le nombre.

Les réservoirs alimentés par les marées ont un autre objet que les viviers ; ils sont destinés à engraisser et à domestiquer en quelque sorte certaines espèces de poissons, comme les turbots, aptes à vivre en stabulation, qu’on y recueille à l’état d’alevins et qui s’y développent rien que par la nourriture que leur apporte la mer. Les réservoirs sont d’origine romaine, et les historiens nous disent combien les patriciens de la république et de l’empire y attachaient d’importance. Depuis longtemps déjà, il en existe dans le bassin d’Arcachon, ou plutôt dans les marais salans qui y confinent, et dans lesquels on renouvelle l’eau au moyen d’un jeu d’écluses et en utilisant les marées : 300 hectares sont exploités de cette façon et donnent un produit net de 252 francs par hectare.

Les côtes de Bretagne, dont les découpures ressemblent en petit aux fiords norvégiens, sont admirablement disposées pour ce genre d’industrie. Un certain nombre de viviers, encore trop peu nombreux, y sont établis : les principaux sont ceux de Roscoff, sur la Manche, et de Concarneau, sur l’océan. Ce dernier, auquel est annexé un laboratoire, est surtout un établissement d’études et d’expériences physiologiques. C’est là que MM. Coste, Moreau, Gerbe, Davaine et Robin ont fait leurs beaux travaux de physiologie et nous ont fait connaître bien des particularités intéressantes sur les mœurs des poissons. Jusqu’ici, les tentatives faites dans la Méditerranée n’ont pas réussi, probablement à cause de la difficulté d’alimenter les viviers, faute de marée.

Les poissons ne sont pas les seuls habitans des eaux dont nous fassions notre profit ; les classes des mollusques et des crustacés fournissent aussi leur contingent à notre alimentation. Ces derniers, qui comprennent les crabes, les langoustes, les homards et les crevettes, sont recouverts d’un test, ou carapace, dont ils se