Page:Revue des Deux Mondes - 1884 - tome 61.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rempli, on y ajoute de la saumure pour combler les vides et on le ferme immédiatement. Il reste dans cet état jusqu’au moment d’être livré au commerce. Le poisson pêché sur les côtes de France est acheté par des maisons spéciales qui en vendent une partie à l’état frais et font saler ou fumer le surplus. Les produits français sont loin d’avoir la réputation des produits norvégiens, hollandais ou anglais ; la supériorité de ces : derniers tient, d’une part, à la qualité des sels qu’emploient les pêcheurs de ces nations, d’autre part à l’habitude qu’ils ont de tuer et de vider immédiatement les poissons qu’ils viennent de prendre. Lorsqu’on les laisse mourir comme font les pêcheurs français, la chair devient molle et se conserve mal, puisque les intestins sont une cause de décomposition. Le commissariat de la marine, toujours si attentif à pousser nos marins dans la voie du progrès, devrait bien leur recommander cette pratique très simple et qui ne demande qu’un peu de soin. Il en est de même de l’usage de la glace, qui contribue singulièrement à la conservation du poisson en attendant qu’on puisse le préparer pour la consommation.

La pêche au hareng, sauf lorsqu’elle s’exerce dans les mers du Nord et de la Baltique, n’exige pas d’armemens spéciaux et se pratique le long de nos côtes avec les mêmes bateaux que ceux de la pêche côtière ; on ne peut donc connaître le nombre des marins qui s’y adonnent exclusivement. En 1878, la pêche a produit 21,764,000 kilogrammes, valant 8,138,000 francs ; en 1879, 29,582,000 kilogrammes, valant 9,194,000 francs ; en 1880, 33,681,000 kilogrammes, valant 8,384,000 francs ; en 1881, 39,101,000 kilogrammes, valant 9,055,000 francs. Depuis quelques années, un certain nombre d’armateurs portent directement en Belgique et en Allemagne les produite de leur pêche, qu’ils salent à bord, et trouvent là un marché pour ainsi dire illimité, sur lequel ils ne rencontrent encore que la concurrence hollandaise. Ce sont les ports de Boulogne, de Dieppe, de Fécamp et de Saint-Valéry qui font le plus d’armemens pour la pêche du hareng. Ces armemens se font le plus souvent à la part ; l’armateur prélève la moitié ou les deux tiers des produits et le surplus est distribué suivant les grades entre l’équipage. Les simples matelots gagnent de 600 à 700 francs par campagne. Quant aux patrons, lorsque la pêche est bonne, ils peuvent, en quelques années, devenir propriétaires d’un bateau de 35 à 40 tonneaux, valant de 14,000 à 15,000 francs.

La sardine est moitié moins grande que le hareng, elle habite l’Océan-Atlantique, la Mer du Nord, la Baltique et la Méditerranée. Elle hiverne entre les 50e et 60e degrés, dans la zone à température constante, et, dans la Méditerranée, à des profondeurs de 500 à 600 mètres. Elle se nourrit de menus poissons, de vers et surtout de frai. Vers le mois de mars, elle se rapproche des rivages en