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nous ramène au XIXe siècle. C’est un intéressant recueil de biographies critiques où se retrouve, avec toute la modération et l’ordinaire solidité des jugemens de M. Victor Fournel, toute cette précision et cette sûreté qu’il tient de ses habitudes d’érudit. Les noms seuls des artistes dont il est parlé dans ce livre, — depuis Ingres jusqu’à Henri Regnault, — rempliraient ici plusieurs lignes. Un chapitre sur « la dynastie des Vernet » rattache l’ouvrage au XVIIIe siècle ; un chapitre sur « la caricature contemporaine » le conduit jusqu’à notre temps, De fort belles eaux-fortes, autant de portraits que de biographies, et de nombreuses illustrations dans le texte achèvent de classer ce livre parmi ceux qu’il y a plaisir à recommander, et obligation même.

Nous passons aux livres d’histoire. S’il en est un dont la juste réputation soit depuis longtemps faite, c’est l’Histoire des Romains[1], de M. Victor Duruy, dont voici le sixième volume. Quelque réputation cependant que ce grand ouvrage se soit acquise, lui rend-on bien assez ample justice ? On se lasse enfin, quand, par hasard, on nous offre la traduction de tant d’ouvrages allemands ou anglais, de les trouver si fort au-dessous de l’estime que l’on en faisait naïvement, sur la parole de certains érudits. Mais l’Histoire des Romains de M. Victor Duruy vaut celles de Mommsen et de Merivale mises ensemble, ou plutôt ajoutées bout à bout, avec quelques autres par-dessus ; — et tous ceux qui ne se sentiraient pas disposés à nous en croire à notre tour n’ont tout simplement qu’à la lire.

Nous ne demanderions pas mieux que de louer également le livre de M. L’abbé Vidieu sur Sainte Geneviève, patronne de Paris, et son influence sur les destinées de la France[2]. Mais, sans compter que ce sous-titre a déjà quelque chose qui met en défiance de l’esprit critique de l’historien, on n’en appelle pas aux Souvenirs de la marquise de Créquy, pour insérer en pareil sujet un récit fantastique de la mort de Voltaire. Le livre, après cela, ne se lit pas sans intérêt ; le nom de la sainte est lié à l’histoire même de Paris, et de cette solidarité de la ville et de la sainte, M. L’abbé Vidieu, dans la disposition même de son ouvrage, a tiré un heureux parti. L’illustration surtout nous a semblé bien entendue. On y retrouvera les belles peintures murales dont MM. Puvis de Chavannes et J.-P. Laurens ont orné le Panthéon.

Si l’illustration du premier des deux ouvrages que voici maintenant : les Chroniqueurs de l’Histoire de France[3] est, elle aussi, vraiment heureuse et bien entendue, celle du second : la Chevalerie[4], n’est que suffisante, mais de l’un comme de l’autre, le texte est singulièrement intéressant. Le premier continue la série que Mme de Witt avait

  1. 1 vol. in-8o ; Hachette.
  2. 1 vol. in-8o ; Firmin Didot.
  3. 1 vol. in-8o ; Hachette.
  4. 1 vol. in-8o ; Palmé.