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temps. À un autre point de vue, si l’on a pu se montrer étonné, cette année même, à l’Exposition des portraits du siècle, de ce qu’avaient valu ces peintres tant décriés de l’époque de la révolution et de l’empire, on fera connaissance ici avec une école de dessinateurs et de graveurs comme il est permis de croire que nous n’en avons plus assez. Dix grandes chromolithographies et quatre cent dix gravures sur bois illustrent ce bel ouvrage.

Entre autres livresque recommande également le bonheur et l’originalité de l’illustration, nous ne saurions oublier les Contes de fées[1], — ces contes immortels de Perrault, — précédés d’une préface de M. Émile Legrand et ornés de nombreuses compositions de M. Adrien Marie. Fort belles en elles-mêmes, d’une distinction rare, d’une grâce spirituelle, les compositions de M. Adrien Marie, tirées en couleur, les unes en rouge, les autres en bistre, d’autres encore en bleu, si elles font honneur au talent bien personnel de l’artiste n’en font guère moins à l’habileté de l’éditeur. Après avoir si longtemps imprimé pour les autres, M. Lahure a voulu, cette fois, imprimer en son nom ; ce sera sans doute, assez louer les productions qu’il signe que de dire qu’elles sont dignes de toutes celles qu’il n’avait pas signées. Ne le quittons pas sans mentionner les deux autres volumes qu’il nous donne. Le Voyage de Paris à Saint-Cloud, réédition d’un jeu d’esprit du dernier siècle, et le Conte de l’Archer[2], de M. Armand Silvestre, — conte ou récit d’un goût un peu bien rabelaisien et d’un style souvent par trop enluminé, — sont surtout remarquables pour l’exécution typographique et les très jolies impressions en couleur dont ils sont illustrés. Il y en aurait long à dire sur tous ces procédés, sur l’esprit de recherche et d’invention dont ils témoignent ; mais nous ne pouvons que regretter de n’avoir pas ici le droit de nous y étendre.

Avec les deux beaux volumes que M. Louis Gonse vient de consacrer à l’Art japonais[3] nous n’avons garde de dire que nous sortions de la catégorie des publications de luxe, mais nous entrons déjà dans la catégorie des grandes publications relatives à l’histoire de l’art. Collectionneur bien connu, critique d’art éprouvé, M. Gonse nous a du même coup, dans ces deux beaux volumes, libéralement fait les honneurs de sa collection, et donné une histoire de l’art japonais. Si nous avions déjà quelques publications sur cet art japonais, où toute la liberté de la fantaisie personnelle se marie à un sentiment très vif très curieux, très plaisant de la réalité, si l’on nous en prépare, ce dit-on, de nouvelles encore, nous n’avions rien toutefois qui ressemblât au livre de M. Gonse, et nous ne craignons pas que l’on s’avise de le recommencer. La peinture, la sculpture, l’architecture, la

  1. 1 vol. in-4o ; Lahure.
  2. 2 vol. in-8o ; Lahure.
  3. 2 vol. in-4o Quantin.