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file : on peut donc exécuter sans dangers ni gêne le tir sur deux rangs. Avec la baïonnette, la longueur est de 1m,80, ce qui suffit pour une arme d’hast.

La charge se fait en quatre temps au moyen d’un mécanisme de culasse simple, solide et ingénieux, dont la fermeture est hermétique. Il y a quelques années, des crachemens de gaz enflammés se produisaient par l’arrière au moment du tir, lorsque l’enveloppe des cartouches venait à se fendre. Des perfectionnemens introduits dans la fabrication de ces enveloppes ont rendu ces accidens extrêmement rares. Par surcroît de précaution, on a quelque peu modifié la culasse, de façon à ouvrir une issue aux gaz s’il venait à s’en échapper par les joints ; ils sont dirigés en l’air et ne peuvent plus venir atteindre le tireur à la figure ou à la main, causant des blessures assez graves comme celles qu’on avait eu à constater à une certaine époque.

Le soldat a donc le sentiment de sa sécurité : les exercices à la cible lui montrent que son fusil est une bonne arme dans laquelle il peut avoir confiance. Les pièces en sont solides, leur assemblage est simple. Il suffit d’un tournevis pour démonter tout le mécanisme. À défaut de tournevis, on peut se servir d’une lame de couteau ou même d’une pièce d’un sou introduite par la tranche dans la fente d’une vis unique ; le nettoyage est facile ; la mise en place et le remontage des pièces de la culasse se font sans grands efforts, assez rapidement et sans qu’il soit besoin d’instrumens spéciaux.

La cartouche pèse à peu près 44 grammes : si on admet que le soldat puisse porter sur lui 4 kilogrammes de munitions, son approvisionnement sera de 90 cartouches (15 paquets de 6, à 270 grammes l’un). En Angleterre, pour le même poids, il n’en pourrait porter que 80, les balles qu’on y emploie étant relativement lourdes. Aussi, pour alléger la charge totale du fantassin anglais, a-t-on dû lui donner un fusil plus léger que le nôtre, ayant un fort recul. Dans une armée de volontaires recrutés avec un certain soin et constamment exercés, l’emploi de ces armes offre bien moins d’inconvéniens que dans une armée comme la nôtre, où les réservistes comptent pour une bonne part. En Italie, les cartouches sont assez légères : il en faut 105 pour faire un total de 4 kilogrammes. Mais l’air a plus de prise sur elles que sur de plus lourdes et, aux grandes distances, leurs effets sont incertains.

En résumé, les armemens récens des principales infanteries européennes sont à peu près équivalens. Le fusil Werndl, de l’Autriche (fermeture à barillet), le fusil Martini-Henry, de l’Angleterre (fermeture à bloc), les fusils Mauser, de l’Allemagne, — Gras, de la France, — de Beaumont, de la Hollande, — Vetterli, de l’Italie,