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la perception de certains droits : le contrôleur-général crut faire droit suffisamment à leurs réclamations en informant (25 novembre 1704) les intendans que « Sa Majesté préféroit, au produit de la vente de tous ces offices, qui auroit pu monter à 3 millions, de prendre du commerce une somme certaine de 1,200,000 livres, que les députés ont fait entendre que les corps de marchands des principales villes pourroient fournir pour aider le roi… et de permettre à ceux qui fourniront cette somme de lever à leur profit des droits sur les marchandises pour les indemniser. »

Le nombre des offices concernant les communautés d’arts et métiers fut si considérable, qu’en 1710 on créa dans chaque généralité deux contrôleurs et deux trésoriers payeurs de leurs gages.

De 1689 à 1714, le prix des offices de toute nature créés dans les professions commerciales et industrielles s’éleva jusqu’à 94 millions.

Les inconvéniens et les dangers de ces créations, auxquelles on ne saurait donner le nom d’un système financier, étaient d’ailleurs si bien sentis que le gouvernement ne manquait pas de chercher à les atténuer par des suppressions dès que les circonstances, par exemple le rétablissement de la paix, paraissaient le lui permettre. Après le traité de Ryswick, on supprima 50 offices de secrétaires du roi pour les réduire au nombre de 300, d’autres charges et plusieurs privilèges attribués aux officiers des chancelleries près les cours supérieures et les présidiaux. On put employer aux remboursemens que nécessitaient ces suppressions une partie des 61 millions que la conversion des rentes laissa disponibles ; mais, l’année suivante, le trésor, manquant de fonds, fut obligé de créer 600,000 livres de nouvelles augmentations de gages. Après le traité d’Utrecht, à la fin de 1714, différentes charges furent supprimées : celles de syndics, celles de payeurs et contrôleurs des rentes en partie, et beaucoup d’autres ; mais, pour rembourser les titulaires des offices supprimés, après la liquidation de leurs finances, on constitua 1,500,000 livres de rentes au denier 25 (au capital de 37,500,000 livres), et ce remboursement en rentes à 4 pour 100 n’était, dans l’état du crédit, ni complet ni juste ; il avait, à un moindre degré, le caractère des opérations qui, l’année précédente, avaient converti et réduit les rentes. D’ailleurs, ce capital était insuffisant, et, à la mort de Louis XIV, une somme énorme restait due pour le remboursement des finances des offices supprimés.

Tantôt les nouveaux officiers recevaient des gages du roi, et la finance qu’ils payaient était un emprunt que le trésor n’encaissait qu’en s’engageant à en payer l’intérêt ; tantôt aussi ils étaient rétribués au moyen de perceptions et de redevances qu’ils étaient autorisés à lever sur le public ; alors la création de l’office, qui restait