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ni être exploitée par des propriétaires isolés. Tandis qu’en France, dans les rivières qui ne sont ni flottables ni navigables, elle appartient aux riverains, en Allemagne, elle est louée au profit de la commune, et devient, par conséquent, une source de profit pour le locataire, qui a tout intérêt à ménager le poisson et à en favoriser la multiplication. Il est une autre disposition qui contribue encore à ce résultat, c’est l’obligation où sont les propriétaires qui veulent construire des digues ou barrages dans les cours d’eau d’y établir, comme en Angleterre, des échelles destinées à assurer la libre circulation des poissons. En France, cette mesure est facultative et laissée à la discrétion de l’administration.

En Autriche-Hongrie, d’après M. Raveret-Watel, les rivières étaient autrefois très riches en poissons de toute espèce, qui fournissaient à l’alimentation publique d’importantes ressources. Les truites étaient si abondantes qu’en Bohême et en Moravie elles constituaient, il y a vingt-cinq ans, la base de la nourriture de la classe ouvrière; mais le braconnage, les travaux exécutés pour favoriser la navigation, la corruption des eaux par les usines et les égouts amenèrent, comme chez nous, la dépopulation des rivières. Sentant la nécessité de remédier à cette situation, l’empereur François-Joseph fit établir des laboratoires de pisciculture dans ses propriétés particulières. L’exemple fut suivi ; des associations piscicoles s’organisèrent dans toutes les provinces et créèrent un grand nombre d’établissemens privés. Aujourd’hui il en existe soixante-dix, dont le plus important est celui de Salzbourg, qui fut fondé en 1864. Il appartient à l’état et expédie des œufs fécondés dans l’Europe entière. Toutefois, faute d’une législation suffisamment protectrice, le repeuplement des rivières est loin d’être effectué et les jours d’abondance ne sont pas encore revenus.

En Suisse, le droit de pêche appartient le plus souvent au canton, qui le loue aux conditions stipulées dans un cahier de charges. Parmi ces conditions figure généralement l’obligation pour le fermier de verser chaque année dans les eaux qu’il exploite un nombre déterminé d’alevins. Dans presque tous les cantons il existe des associations piscicoles pour l’exploitation des eaux, et des établissemens, soit publics, soit privés, pour la fécondation des œufs et la production des alevins. Aussi la situation des pêches, en Suisse, est-elle généralement satisfaisante, et c’est chez les pêcheurs de ce pays que viennent s’approvisionner d’œufs de truite la plupart des établissemens de pisciculture de l’Europe.

Bien que possédant de riches pêcheries d’eau douce, la Hollande n’a pas négligé de recourir, pour les alimenter, aux procédés de la pisciculture artificielle. La Société royale zoologique d’Amsterdam,