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élus par les pêcheurs munis de permis, et de membres nommés par les juges de paix. Ce conseil veille à l’application des lois sur la pêche, fixe les époques où l’on peut s’y livrer, ainsi que les dimensions des filets à employer, accorde des permis, prescrit, quand il y a lieu, la construction d’échelles à saumons sur un plan arrêté à l’avance et impose l’obligation aux usiniers de placer des grilles à l’entrée des canaux de dérivation, pour empêcher que les poissons ne soient entraînés et broyés dans les engrenages. Il nomme les gardes-rivières, vérifie les comptes et répartit entre les intéressés les dépenses et les bénéfices. Les résultats de cette législation ont été des plus favorables, car le nombre des saumons a sensiblement augmenté dans tous les cours d’eau, ainsi que le constate la vente qui s’en fait au seul marché de Billingsgate, à Londres. Le nombre de tonnes vendues, qui en 1865 était de 1,464, est monté à 2,000 en 1877, représentant une valeur de 240,000 livres ou 6 millions de francs.

Le revenu net des diverses pêcheries du Royaume-Uni est aujourd’hui de plus de 20 millions par an. Plusieurs établissemens de pisciculture ont été créés’; mais, à part celui de Stormonfield, fondé en 1852, qui a servi à repeupler le Tay près de Perth, ils n’ont pas jusqu’ici donné de résultats appréciables, et sont probablement destinés à disparaître, à moins que, comme celui de Howieton, qu’on peut, au dire de M. Chabot-Karlen, considérer comme le plus important du monde, ils n’appartiennent à de riches propriétaires qui peuvent en supporter les frais et poursuivre des expériences onéreuses. Il n’y a pas beaucoup plus à espérer du musée de pisciculture établi à South-Kensington par M. Franck Buckland, car l’opinion des inspecteurs des pêcheries est que la fécondation artificielle est inutile et que la fécondation naturelle peut seule assurer le repeuplement effectif des cours d’eau, pourvu que les lois sur la pêche soient strictement appliquées.

Il faut cependant mettre à l’actif de la pisciculture les tentatives d’acclimatation, en Australie, de la truite et du saumon. Après de nombreux et dispendieux essais, M. Youl réussit à conserver pendant la traversée des œufs embryonnés en les plaçant dans des boîtes pleines de mousse, entourées elles-mêmes de glace. La moitié environ de ces œufs donna des alevins qui furent lâchés dans les cours d’eau de la Tasmanie. Les truites y prospérèrent et s’y rencontrent aujourd’hui en abondance; mais les saumons ne paraissent pas s’y être encore acclimatés. On espère cependant réussir avec le saumon de Californie.

En Allemagne, l’élevage de certaines espèces de poissons, notamment de la carpe, constitue depuis des siècles une industrie sérieuse.