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faites par ses divers membres, M. Bonnet a formulé ses conclusions.

L’opinion publique n’avait pas attendu cette manifestation officielle pour s’occuper de cette question, ainsi que le témoignent les nombreux travaux parus dans ces derniers temps, et répondant tous à la même préoccupation : celle de tirer parti pour l’alimentation publique des immenses ressources que renferment les eaux et qui, en France, sont encore si peu exploitées comparativement à d’autres pays. Sans parler des ouvrages comme celui de M. Blanchard et celui plus récent de MM. Gervais et Boulart, qui se maintiennent sur le terrain de la science pure, nous pouvons signaler un grand nombre de traités pratiques dont les principaux sont mentionnés en tête de cette étude, et surtout les mémoires manuscrits sur la pisciculture d’eau douce et sur la pisciculture marine, que M. Gobin, professeur d’agriculture du département du Jura, a soumis à la Société nationale et qui ont valu à leur auteur une médaille d’or à l’effigie d’Olivier de Serres.

Bien que cette question ait déjà plusieurs fois été traitée dans la Revue[1], on voit qu’elle n’a rien perdu de son actualité. Il n’est pas inutile d’exposer les progrès qu’elle peut avoir faits depuis ces premiers travaux, de façon à permettre au lecteur d’apprécier les ressources ichtyologiques de notre pays et les mesures proposées par le sénat pour en accroître l’importance.


I.

Au point de vue hydrographique, la France est aujourd’hui partagée en quatre grands bassins principaux, celui de la Seine, celui de la Loire, celui de la Gironde et celui du Rhône. Ces fleuves se ramifient à l’infini et embrassent le pays tout entier dans le réseau de leurs affluens. Les eaux qui les alimentent proviennent des pluies qui, après s’être infiltrées dans la terre, reparaissent sous forme de sources et de ruisseaux. La longueur de ces cours d’eau, de toutes dimensions, est évaluée par M. Gobin à 157,000 kilomètres représentant une superficie de 73,000 hectares. Il faut y ajouter, pour avoir le domaine aquatique de la France, 20,000 hectares de lacs et 110,000 hectares d’étangs d’eau douce; les étangs salés faisant partie du domaine maritime

  1. Voyez, dans la Revue : l’Empoissonnement des eaux douces, par M. J.-J, Baude, 15 janvier 1861. — La Pêche et la Pisciculture à l’Exposition universelle, par M. J. Clavé 1er janvier 1868. — Le Repeuplement des eaux de France, par M. H. de La Blanchère, 15 septembre 1870. — L’Embryogénie et la Pisciculture en France, par M. G. Pouchet, 1er mai 1872.