Page:Revue des Deux Mondes - 1883 - tome 60.djvu/446

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

En ce qui concerne le jury, le règlement parut facile à établir. A l’exposition largement ouverte, et véritablement démocratique des artistes, convenait un jury élu par le suffrage universel; à l’exposition restreinte de l’état convenait un jury scrupuleusement choisi, dont l’élection n’émousserait pas les justes sévérités, et qui présentât toutes les garanties d’indépendance et d’impartialité. Les quatre classes de l’Académie des beaux-arts parurent devoir être invitées à en faire partie ; elles furent renforcées d’un nombre égal d’artistes ou de critiques appartenant à toutes les écoles et résumant les hautes aspirations de l’art contemporain. La question de la limitation du nombre des ouvrages à admettre ne devait pas non plus arrêter longtemps le conseil. Les chiffres fixés, et, pour notre compte, nous les croyons encore trop élevés, furent de 800 pour la peinture, de 200 pour les dessins, de 300 pour la sculpture, de 150 pour la gravure; l’architecture comprendrait 50 ouvrages. En tout, 1,500 œuvres pourraient être admises. Chacun de ces chiffres était d’ailleurs considéré comme un chiffre maximum, et il convient peut-être de faire remarquer qu’il n’a pas été atteint, puisque le catalogue ne comprend que 1,353 numéros. La question du jury ainsi résolue et le nombre des œuvres ainsi limité, fallait-il limiter de même le nombre des ouvrages que présenterait chaque exposant? Ici encore, deux principes contraires : Le Salon annuel devait ouvrir ses portes au plus grand nombre d’artistes possible, et comme les dimensions mêmes du palais ne permettent pas de recevoir et d’exposer 30 ou 40,000 ouvrages (les jurys l’ont-ils regretté?) il fallait obliger les artistes à ne se faire représenter que par un nombre d’œuvres extrêmement restreint. Dans l’exposition de choix au contraire, — le maximum des œuvres à recevoir une fois fixé, — rien ne s’opposerait à ce que ces œuvres fussent demandées à un petit nombre d’artistes. Disons plus : le véritable but de l’exposition nouvelle serait surtout atteint si un certain nombre de maîtres envoyaient une série de toiles résumant leurs efforts des dernières années et réunissant leurs conceptions les plus nouvelles aux productions déjà appréciées de leur talent. Il fut décidé que chaque artiste pourrait présenter un nombre d’œuvres illimité, pourvu que l’exécution n’en fût pas antérieure à 1878.

Restaient à trancher des questions plus simples en apparence, plus complexes en réalité. Où l’exposition aurait-elle lieu? Et à quelle époque? Chose bizarre! Paris qui n’a pas une salle de concert comparable à la moindre Tonhalle de Suisse, ou au plus modeste Concertsaal d’Allemagne; Paris qui n’a même pas une salle de concert, Paris qui n’a pas une gare de chemin de fer qui ne soit inférieure, à tous les points de vue, à la moindre gare de l’étranger; Paris qui loge le musée de l’art contemporain dans des conditions